Warm Bodies est un récit d’amour impossible inspiré de Roméo et Juliette, à la différence près qu’un des amants est déjà mort au début de l’histoire ! Zombie parmi des millions d’autres, « R », mignon mais blafard, trimballe sa carcasse dans un aéroport, vestige d’une civilisation humaine désormais à deux doigts de s’éteindre. Sur le tarmac, un avion de ligne qui ne décollera plus jamais lui sert de domicile, il y entrepose sa collection de 33 tours… car « R » n’est pas tout à fait un mort-vivant comme les autres : c’est un zombie avec une conscience, qui ne peut presque plus parler mais nous fait part en off de commentaires ironiques sur sa condition de cadavre ambulant. Les journées mornes se succèdent, jusqu’à l’irruption de Julie. La jeune fille, elle, est bien vivante, et elle tape dans l’œil de « R », si bien qu’il n’a pas envie de la manger ! L’amour entre un mort et une vivante est-il possible ?
Le film de Jonathan Levine (All The Boys Love Mandy Lane) sort dans les salles moins de deux ans après la sortie du roman éponyme, signé Isaac Marion, dont il est adapté (en France, le livre est sorti fin 2011 chez Bragelonne sous le titre Vivants). Rien de très étonnant : outre son thème à la mode et un duo de héros post-ados apte à séduire un public de lecteurs jeune et nombreux, Warm Bodies – le livre nous fait mesurer à quel point l’écriture cinématographique peut à présent influencer la littérature. Avec sa narration sous forme de monologue intérieur, qui a tout de la voix off, son découpage grosso modo en trois actes, ses chapitres courts, le bouquin de Marion donne au fil des pages une impression de scénario déguisé, ou de littérature prête à filmer. Par conséquent, il n’est guère surprenant non plus que Jonathan Levine ait très peu modifié le récit d’origine avant de le mettre en images. Le meilleur du film réside dans ses dix premières minutes, presque les seules où Levine apporte une vrai plus-value en employant les outils graphiques (effets de montage, CGI) dont il dispose en tant que cinéaste pour livrer une adaptation visuelle assez accrocheuse. La suite du métrage est hélas très linéaire, la mise en scène se veut surtout illustrative… bref, on s’ennuie (surtout si on a lu le livre) et ce n’est qu’à l’usure que le scénario nous permet in fine de ressentir un petit quelque chose pour R & J, le couple maudit qui devra vaincre les préjugés pour imposer sa légitimité. Empreint d’un romantisme noir dans le style « join me in death », le récit aurait pu unir Éros et Thanatos autrement en relatant une histoire de sentiments entre deux cadavres. Mais il n’en est rien, et Warm Bodies, œuvre résolument optimiste, préfère broyer du rose plutôt que du noir, et conférer à l’amour le pouvoir de la résurrection. C’est joli, un peu émouvant quand même, et ça a le mérite faire une proposition de récit différente au milieu de la foultitude de titres consacrés aux morts-vivants qui squattent depuis quelques années les rayons des librairies, les salles de cinéma et les chaînes de télé.
Sorti le 20 mars 2013. La bande annonce et des extraits :