A la belle époque, les gens aimaient le mystère. Ils aimaient se faire peur avec des histoires surnaturelles. Certains pratiquaient le spiritisme, ou faisaient tourner les tables, pendant que d’autres apprenaient leur destiné dans la chiromancie. C’est bien dans la France de cette époque, dans la fin du 19e siècle à Paris, que nous allons suivre la suite des aventures de la belle, courageuse et rationnelle Aglaëe.
Un gigantesque singe de feu terrorise la ville de Paris. Il est impossible de le localiser et de le traquer. Il surgit lorsque la brume envahit la cité, sème la terreur et disparait comme il était venu. Mais si étrange soit-elle, cette créature ne fait aucune victime. Le sens de ces apparitions échappe au sens commun. Quelle est son objectif ?
Lorsque cette histoire arrive aux oreilles des maîtres de l’étrange, un ancien colonel à la retraite, un prêtre, à la retraite également, un mathématicien, un bourgeois, et la jeune et belle Aglaëe, ils se sentent aussitôt concernés par cette affaire. D’autant plus qu’elle semble apparemment liée à leur précédente enquête. Celle-ci semblait résolue, même si de nombreuses interrogations soulevées par leurs recherches n’étaient pas résolues. Cette affaire va leur permettre d’investiguer d’avantage et peut-être de dévoiler ces mystères non élucidés. L’histoire précédente, le tome 1 des enquêtes insolites des maîtres de l’étrange nommé « l’ange tombé du ciel », trouve ici une continuité, une extension, et une fin.
L’esprit rationnel d’Aglaëe se laissera-t-il entrainer sur des pistes extravagantes et surnaturelles ? Sera-t-elle aussi courageuse et inventive dans le précédent opus ? Va-t-elle risquer sa vie pour cette affaire ? Il est vrai que dans une histoire comme celle-ci, une enquête policière, l’intrigue est le cœur du suspens. Mais qu’en est-il des émotions, non pas celles qui sont dégagées par les situations ou les évènements eux-mêmes, mais celles qui sont vécues par les personnages ? Lorsqu’un personnage risque sa vie dans une situation donné, on aimerait vivre avec lui cette situation, sentir son cœur s’emballer, sa main trembler, écouter ce qu’il a à dire sous le joug du stress. Mais malheureusement ici, les personnages sont froids et peinent à transmettre quelque émotion.
Le lecteur est plongé dans une intrigue policière où la rationalité se confronte à ses propres limites. Il est dommage que ce combat intérieur, révélateur d’une ambiance historique, ne soit pas vécu pleinement par les protagonistes de sorte à ce que le récit en soit bien imprégné. Toutefois, l’histoire d’essence policière est assez bien mené. Tous les protagonistes avancent leurs pions petit à petit, et dévoilent leurs intentions progressivement jusqu’à la scène finale. On peut parfois regretter l’usage d’artifices dans certaines scènes, par lesquelles l’histoire semble avancer toute seule.
Au final, le récit semble désincarné, car il manque aux maîtres de l’étrange, une implication personnelle qui ferait d’eux non pas les premiers témoins révélateurs de cette histoire, mais bien des acteurs porteurs d’une double volonté. Celle de connaître la vérité derrière les faits insolites, certes, mais aussi celle d’interagir avec cette histoire avec tout ce qu’il y a en eux d’humain et d’émotionnel.