Un titre qui fleure bon le cinéma d’exploitation des seventies… Mais le film qui nous intéresse ici n’a pas grand-chose en commun avec les œuvres de jeunesse de Wes Craven (La Dernière Maison sur la gauche), avec la filmo de Ruggero Deodato (La Maison au fond du parc) ou de Lucio Fulci (La Maison près du cimetière). House at the End of the Street est le second long métrage de Mark Tonderai (Hush), c’est un bon petit thriller de série qui permet au cinéaste britannique de faire ses débuts à Hollywood. L’histoire ne risquera pas de vous traumatiser, surtout si vous êtes familier des titres précités.

Nous sommes dans une bourgade provinciale où Elissa (Jennifer Lawrence), 17 ans, et sa mère Sarah (Elisabeth Shue), récemment divorcée, viennent d’emménager. À un jet de pierre de leur jolie maison se trouve, à moitié planquée dans les bois, la demeure d’un couple massacré des années plus tôt par leur propre fille, la jeune Carrie Anne. Depuis, l’unique survivant de la famille, Ryan, le deuxième enfant, vit seul dans la grande baraque. Durablement choquée par le drame, le population locale évite le jeune homme et sa maison comme la peste, ce qui n’est pas le cas d’Elissa. La lycéenne ne tarde pas à faire la rencontre de Ryan, et elle sera touchée par sa condition de solitaire mélancolique.

Plus encore que l’intrigue à suspense qui va se nouer (Ryan a un secret qui sera à la source de coups de théâtre violents), c’est la relation mère-fille de Sarah et Elissa qui semble le plus intéresser Mark Tonderai. On comprend que le mariage raté de Sarah est le fruit d’une erreur de jeunesse, que la jolie dame a eu, avant la naissance de sa fille, une vie sexuelle tumultueuse. Elle ne souhaite pas que sa fille marche dans ses pas et, armée des meilleures intentions, elle empoisonne la vie de la gamine par un comportement inquisiteur. Elle voit d’un mauvais œil l’arrivée de Ryan dans leur vie, et la mauvaise réputation trainée par le garçon n’arrange rien.

Je n’irai pas jusqu’à dire que le double portrait féminin est d’une originalité à toute épreuve, mais il est servi par deux bonnes comédiennes qui donnent de l’épaisseur à leurs personnages. Leurs échanges très intenses comptent parmi les meilleures scènes du film. Depuis X-Men: First Class et The Hunger Games, Jennifer Lawrence a le vent en poupe, ce qui n’est pas le cas d’Elisabeth Shue (Hollow Man, Piranha 3D), aujourd’hui sous-employée et qui mériterait qu’on lui offre des têtes d’affiches. Max Thieriot compose quant à lui un Ryan tour à tour attachant et inquiétant, sa composition également sonne juste. On n’en dira pas autant des dernières minutes du film, aux péripéties convenues et déjà vues mille fois dans des productions du même genre. Et l’ultime séquence conclut le film maladroitement, accusant une rupture de point de vue, sous la forme d’un flashback exhumant in extremis les racines psychanalytiques du drame criminel vécu par la famille de Ryan.

Sorti le 21 novembre dans une combinaison de salles minuscule. Un traitement très curieux de la part du distributeur SND, qui n’a donc pas cru au potentiel de ce film tourné en 2010. Qu’à cela ne tienne, ceux qui n’auront pas pu voir La Maison… sur grand écran pourront découvrir le film très bientôt dans leur salon, les sorties du dvd et du blu-ray étant d’ores et déjà calées au mois de février 2013.