Bien que la belle Sian soit destinée par ses parents à être vendue à une maison faisant commerce de jeunes femmes, elle ne sombre pas dans le désespoir car elle se rattache à l’idée de perdre sa virginité avec son amoureux, Irvi, acrobate extraordinaire, ce qui ruinerait sa valeur marchande. Tout ne tourne malheureusement pas comme prévu et la belle devient princesse amère, déçue par un Irvi ayant couché avec toutes les femmes de l’établissement sauf elle, dégoutée également par un mari lui préférant les jeunes hommes. Elle se rattrape en faisant se succéder ses amants qu’elle tue ensuite pour effacer toutes traces. Irvi quant à lui est sauvé de la décapitation puis manipulé, transformé en être vindicatif par un féroce individu qui devient grâce à son aide un roi tyran. L’ingestion d’un cœur de prince ayant absorbé une potion ramène Irvi à une vision plus belle du monde et le conduit à la clandestinité. Il croise Maluuk, un ancien saltimbanque acteur de théâtre qui, lui, essaie de déclencher une révolution.
Dans un cadre exotique moyen-oriental ou indien, Enrique Fernandez entame par le biais de son narrateur conteur une histoire pour l’instant bien malheureuse. Pourtant l’impression qui s’en dégage n’est pas la tristesse car la mise en scène est parfois enjouée, et les physionomies dérivent vers la caricature et le grotesque ce qui conduit à une atmosphère irréelle diminuant l’impact des moments difficiles. Les couleurs vives soutiennent d’ailleurs cet aspect peu réaliste et les yeux se régalent de ces pages dynamiques, envoutantes et souvent humoristiques.