Le film de S.F./d’épouvante maritime fut à la mode à la fin des eighties avec des titres comme Leviathan de George Pan Cosmatos (avec Peter Weller en pleine gloire post-RoboCop), Deepstar Six de Sean S. Cunningham (avec Miguel Ferrer en pleine gloire post-RoboCop aussi), ou encore les très Z Alien, la Créature des abysses d’Antonio Margheriti et The Rift de Juan Piquer Simon. Une ribambelle de films produits dans la foulée du succès d’Abyss de James Cameron, en 1988… Silence radio pendant quelques années, puis le genre accoucha de quelques nouveaux titres comme l’épatant Deep Rising/Un Cri dans l’océan (1998) de Stephen Sommers, avec Treat Williams et Famke Janssen, et le soporifique Abîmes (2002) de David Twohy.

Nous sommes en 2012 et voilà que nous arrive de Corée du Sud ce Sector 7 s’inscrivant dans la même veine. Cette fois, les personnages ne déambulent pas dans les coursives d’un cargo ou d’un sous-marin mais dans celles d’une plateforme de forage. L’ordre a été donné par la compagnie pétrolière d’abandonner la prospection et de quitter la station, faute de gisement dans le « secteur 7 ». Ce n’est pas du goût de la jolie Hae-jun, qui a placé ses espoirs de carrière dans l’entreprise. Elle convainc le responsable de l’évacuation de tenter un ultime forage, initiative vite contrariée par l’irruption d’une grosse bébête mutante surgie des profondeurs de l’océan.

Hélas pour le réalisateur Ji-hun Kim, Sector 7 pourrait bien devenir un cas d’école dans tous les cours de rédaction de scénario car absolument rien ne fonctionne ni ne sonne juste dans ce blockbuster tourné en 3D et chiffré à 10 millions de dollars US. Le film a été seulement interdit aux moins de 12/13 ans dans les pays où il a été distribué (chez nous, la chose doit même être étiquetée tout public), preuve que la production a voulu ratisser large et récupérer un maximum de pépètes en ne se limitant pas à une audience adulte. D’où une œuvre prudente qui entend jouer sur plusieurs registres — aventure humaine, comédie, épouvante, action — tout en évitant le moindre excès. Après une entière en matière un brin longuette, un gloumoute des profondeurs s’installe donc dans les entrailles métalliques de la plateforme et s’emploie à… ne pas faire grand-chose, si ce n’est exhiber sa sale tronche en CGI dès qu’il croise l’objectif de la caméra. L’énorme bête qui grogne et bave est dotée d’une grande langue agile qui lui permet d’envoyer valser les personnages dans le décor, elle a aussi de longues dents pointues. Mais elle ne tue pas grand monde, ne mange personne (eh non !), et elle aurait pu rester planquée à fond de cale jusqu’au générique de fin, pour pondre ses œufs ou je ne sais quoi, si les héros-mineurs ne s’étaient mis dans le crâne de lui trouer le cuir. Malgré les efforts de toute l’équipe, la bestiole semble increvable, alors les personnages remplissent quelques pages de script en s’essayant à l’humour, échouant lamentablement. Cerise sur le gâteau, certains livreront in fine leurs états d’âme lors de séquences « émotion » tellement mal amenées qu’elles ne tireraient pas même une larme à Bambi.

Après l’excellent The Host (2006) de Joon-ho Bong, la perspective d’un nouveau film de monstre aquatique venant du Pays du Matin calme m’avait fait me frotter les mains. Bilan : une soirée-projo B-movie totalement gâchée où le suspense ne s’est fait sentir que lorsque j’ai craint être à cours de houblon pour faire descendre mon popcorn.

Sortie en dvd et blu-ray le 17 octobre 2012 (TF1 Vidéo).