Présenté dans la sélection des inédits vidéo au dernier Festival de Gérardmer, Crows Zero ne s’est pas attiré les faveurs du public, qui lui a préféré Timecrimes de Nacho Vigalondo (au demeurant excellent) pour l’attribution du Grand Prix. Pourtant exotisme et dépaysement sont au programme de cet énième film de Takashi Miike (Crows Zero fait partie des quatre longs métrages que le bonhomme a réalisés en 2007, et il en a tourné trois autres depuis !).

Enclavé dans une zone industrielle désaffectée, le lycée de garçons Suzuran n’est plus vraiment une école. Les élèves n’y reçoivent aucun cours et les profs n’apparaissent que le jour de la rentrée pour ensuite aller se terrer quelque part. Depuis des lustres, l’école est aux mains des bandes qui s’affrontent sans relâche pour imposer leur domination sur le territoire. Lorsque l’histoire commence, l’endroit est contrôlé par le gang de Tamao Serizawa, le « roi de Suzuran », inscrit en terminale. Issu d’une famille très pauvre, Serizawa voit dans son accession au pouvoir une sorte de revanche sociale. Arrive un nouvel élève, Genji, dont le père, un chef yakuza, a promis la succession à la tête du clan mafieux Ryuseikei s’il parvient à « prendre Suzuran »…

Crows Zero est adapté du manga Crows de Hiroshi Takahashi. Le film sent la testostérone à pleines narines. Genji, Tamao, Bando, Tokio et les autres passent leurs journées à se défier, à chercher la bagarre. Les énergiques scènes de baston pourraient réduire le film à un festival de gnons, mais il faut reconnaître au scénario une volonté d’apporter une réelle humanité aux personnages, qui sont loin d’être des brutes insensibles. Hors de « l’école des corbeaux », les gars se retrouvent entre amis, jouent à des jeux de société, s’essaient un peu à la drague… Le film prend alors son temps pour croquer quelques portraits attachants, voire pathétiques (le personnage de Ken, yakuza raté comico-tragique), et ménager de purs moments de comédie (l’humour n’est cela dit pas très fin, mais bon). C’est aussi l’occasion de croiser une ou deux filles, les grandes absentes de l’intrigue. Ruka, l’unique personnage féminin « d’importance », est une chanteuse de R’n’B vaguement attirée par Genji, mais son temps de présence à l’écran dépasse à peine cinq minutes.

Graphiquement, le film est aussi une belle claque. Outre le montage archi-dynamique (mais toujours lisible), Crows Zero séduit par la richesse apportée aux décors (le lycée est une demi-ruine taguée avec style du portail jusqu’au toit) comme aux costumes. Les uniformes noirs donnent aux élèves des allures de gravures de mode à la limite du fétichisme, d’où un contraste intéressant entre l’élégance des corps et leur brutalité lorsque les coups se mettent à pleuvoir. Et la photographie léchée donne à l’une des dernières scènes, une longue bataille rangée dans la boue et sous la pluie, une puissance visuelle peu commune.

L’ultime séquence laisse personnages et intrigue en suspens, au propre comme au figuré. Il reste des baffes à donner, ce sera chose faite dans Crows Zero 2, à voir à partir de novembre, toujours mis en scène par Miike, et toujours en dvd.

Sortie du dvd et du blu-ray le 5 août (Wild Side Video).

DVD
Image : 1.85, 16/9 compatible 4/3
Son :
Français DTS 5.1 & Dolby Digital 2.0, Japonais Dolby Digital 5.1
Sous-titres :
Français
Durée : 2h10

Bonus : présentation du film par Takashi Miike, Making-of (version courte, 20’), teaser CROWS ZERO II, bandes-annonces

Blu-Ray

Image : 1.85
Résolution film : 1080 / 24p
Son : Français & Japonais DTS
Master Audio 5.1

Bonus : présentation du film par son réalisateur, making-of (1h14), teaser CROWS ZERO II, bandes-annonces