« La mort d’une belle femme est incontestablement le plus poétique sujet du monde », affirma un jour Edgar Allan Poe. Une citation parmi les plus célèbres de l’auteur, qui trouve ici une illustration de choix avec After.Life, où les courbes et le teint diaphane de Christina Ricci s’accordent à merveille avec les velours épais d’un funérarium. Anna Taylor (Ricci), jeune institutrice à la vie amoureuse compliquée, ouvre les yeux sur la table mortuaire d’Eliot Deacon (Liam Neeson). « Anna, vous êtes morte », lui apprend le thanatopracteur, « et nous ne pouvons converser que parce que j’ai le don de parler avec les défunts. »

La nouvelle a de quoi perturber l’héroïne, victime la veille d’un accident de voiture. Est-elle vraiment décédée, en passe d’être apprêtée pour son enterrement ? Ou est-elle tombée entre les griffes d’un manipulateur morbide de première bourre ? Le film d’Agnieszka Wojtowicz-Vosloo navigue entre les deux options, semant une série d’indices qu’on inventorie en compagnie d’un duo d’acteurs au top. Liam Neeson livre une excellente composition, très équivoque, en phase avec l’ambiguité du scénario, et Christina Ricci fait un très joli cadavre. Elle traverse le film telle une gravure gothique et sexy, légèrement vêtue de soie rouge quand elle n’apparaît pas complètement nue. Le manoir en pierres de taille dans lequel officie l’embaumeur lui fait un parfait écrin. Il est juste regrettable que son émoi donne lieu à des dialogues plombés de lieux communs (du style « Pourquoi meurt-on ? » — « Pour que nous puissions accorder de l’importance à la vie »). La mise en scène, également, accuse quelques faiblesses en incluant une flopée de faux raccords (la scripte était sans doute morte elle aussi !) et des éléments surnaturels  — marionnette qui bouge, lumières qui s’éteignent seules — qui n’ont rien à faire là. Mais le suspense est bien mené et concernant la question centrale, Anna est-elle encore vivante ou pas, ce sera au spectateur de trancher. À mon sens, un détail filmé en gros plan accrédite pour de bon l’une des deux thèses, mais tout se discute et chacun est libre au moment du générique de fin de se faire son opinion. Dans les salles le 18 juillet 2012. Une distribution française tardive, le film ayant été tourné en 2009…