Chouette, c’est l’été, le soleil brille, et nos distributeurs gaulois profitent des vacances pour sortir quelques titres dont ils ne savent pas quoi faire le reste de l’année. C’est le cas du thriller After.Life d’Agnieska Vosloo, avec Christina Ricci et Liam Neeson, tourné il y a trois ans et qui sera dans les salles le 18 juillet. Il en va de même pour cette friandise signée Rick Jacobson, datant aussi de 2009, qui devrait profiter de la Fête du Cinéma pour faire le plein d’entrées. Et pour l’obole de 2 euros, on aurait tort de se priver : Bitch Slap concentre avec talent tout ce qu’on doit attendre du 7ème Art, à savoir des nanas sachant manier les armes à feu, des fringues pas trop couvrantes et bien ajustées, du sang juste ce qu’il faut, de la baston et une intrigue-prétexte à donner une érection au fantôme de Russ Meyer, naguère auteur de Faster Pussycat, Kill, Kill!

Trois beautés fatales — Hel, Trixie et Camero — ont dans l’idée d’extorquer à des mafieux 200 millions de dollars en diamants planqués dans le désert Mojave, en Californie. Arrivées sur place, elles se mettent à creuser, mais toute une série d’emmerdes et d’arrivées inopportunes vont contrer l’avancée des fouilles (non, il n’y a pas de contrepèterie !). Par-dessus le marché, qu’est-ce qu’il fait chaud ! Par chance, les déesses ne sont pas à court d’idées pour rester cool. Extrait :

 

Heureusement que dans le désert, ce n’est pas l’eau qui manque ! Bitch Slap, c’est donc cela: un gros comic filmé (le procédé du split-screen, utilisé tout au long du film, donne l’impression d’un découpage de l’écran en cases de B.D.), écrit sans aucun souci de vraisemblance et tout à la gloire de son casting féminin. Les actrices ont du chien et ce n’est rien de le dire. Qu’en est-il des mecs ? Les personnages masculins de l’histoire ne sont que des cons tous plus hystéros les uns que les autres (excepté un shérif du nom de Fuchs, mais lui, il est carrément neuneu). De toute manière, nos bitches préférées se passent fort bien des gars puisqu’elles sont toutes trois… lesbiennes ! Eh oui, là, je suis conscient qu’on en rajoute une bonne couche dans le registre du fantasme érotique à deux balles, mais les héroïnes sont à ce point magnifiées par la caméra que le film, allez savoir, pourrait bien devenir avec le temps l’un des titres-cultes du public 100% filles (bien que le script soit co-signé par deux plumes mâles, R. Jacobson et Eric Gruendemann). Ajoutons du reste qu’à aucun moment Bitch Slap ne devient graveleux : les costumes ont beau être hyper-sexy et les dialogues très (mais alors très, très) verts, le ton du film est résolument bon enfant (à l’image de la scène des seaux d’eau) et ne comporte aucune image de nudité, même quand Hel et Trixie se retrouvent sur un lit ou quand Camero, camouflée en nonne, donne du plaisir à une vraie bonne sœur dans le secret d’un confessionnal ! Une séquence qui nous permet d’ailleurs de retrouver, sous la guimpe d’une mère supérieure, la comédienne Lucy Lawless, alias Xena la Guerrière, série des années 1990 adoubée par la culture lesbienne.

Il y a aussi de l’action, secondée par des effets spéciaux perfectibles (notamment les incrustations), mais les défauts visuels, franchement, ne gâchent en rien le plaisir du visionnage. Je dirais même qu’ils servent le côté cartoon et pas sérieux du tout de l’entreprise. Le dernier acte réserve une double pièce de résistante avec, d’une part, une fusillade XXL sur le Strip de Las Vegas et, de l’autre, une baston homérique entre deux des filles. La scène, assez longue, est à se repasser en boucle et s’avère presque aussi brutale que les empoignades gays mises en scène par Takashi Miike dans les deux Crows Zero, une bonne dose d’humour en plus.

Un ou deux bémols ? Oui, quand même, il faut être honnête : la trame de Bitch Slap a beau être simple, le scénario emprunte des chemins trop tarabiscotés. L’essentiel des infos sur les protagonistes, sur leurs intérêts dans cette histoire de diams, nous est donné au moyen d’une multitude de flash-back, comme si le récit était monté à l’envers. Le film étant plutôt long (1h49), le procédé finit par devenir pénible et occasionne même quelques incohérences. En outre, Bitch Slap partage ce parti pris narratif avec Reservoir Dogs de Tarantino, ce qui incite à penser que le cocktail désert + flingues + chicas calientes de Rick Jacobson n’aurait pas vu le jour sans les films grindhouse du duo Rodriguez/Tarantino. Peut-être pas, en effet, mais les nombreuses péripéties sexy et rigolotes de l’aventure des trois filles confèrent au film une identité propre qui dépasse l’influence de ces écrasants modèles.

Dans les salles françaises le 20 juin 2012. La bande annonce :