Le Berger est le premier des damnés. Il ne connait pas son nom, il n’a aucune notion du temps qui passe. Depuis une éternité il vit dans le hameau de Villecroix, dans une obscurité permanente, entouré d’habitants damnés pour l’éternité et de vivants se demandant pourquoi ils sont ici. Sa seule tâche consiste à mener le troupeau des âmes destinées à Villefroy. Une forteresse encore plus noire que le paysage environnant.
Pourtant un jour il se décide à pénétrer dans la Cité Maudite en compagnie de trois étrangers : un templier, un chevalier du roi et une paladine. Cette décision va tout changer pour Le Berger. Son passé, sa vie, ses souvenirs, tout va ressurgir. Mais est-ce vraiment la réalité ou bien tout n’est-il que mensonge et perpétuelle illusion ? Peut-il défier le Maître des lieux et sortir victorieux d’un combat que le Duc du Mal prépare depuis l’éternité ?
Philippe Tessier, connu pour ses romans Polaris et le jeu de rôle du même nom, change ici complètement d’univers. Le micro-monde du Berger est oppressant, sombre, horrifique. Chaque personnage va découvrir la limite de sa foi.
L’introduction, dans le village de Villecroix, semble donner l’ambiance, avec ses habitants maudits et condamnés à une éternité de souffrance. Pourtant une fois franchies les muraille de la cité des morts le monde atteint un paroxysme d’horreur. Tout n’est que mal absolu, chaque habitant ne pense qu’à faire souffrir les autres et à se repaitre de ses malheurs. Les descriptions sont assez précises pour lancer le mécanisme de l’imagination, et assez vagues pour que chaque lecteur imagine le pire.
Le style est agréable, la lecture se fait rapidement, les chapitres s’enchaînent jusqu’au final.
Sur la toute dernière partie, la théologie prend le pas sur le roman : l’origine du monde, la définition d’un être suprême qui n’est pas le Dieu des religions monothéistes, la dualité du monde qui nous définit (le bien/le mal, l’amour/la haine, l’ombre/la lumière). Les sujets abordés sont intéressants, mais aussi nombreux dans une seule histoire, ils n’ont droit qu’à un traitement de surface qui peut laisser le lecteur sur sa faim.