47 Ronin est une production Universal à grand spectacle, mais ce n’est pas une invention de studio hollywoodien : le récit est celui, célèbre au Japon, du sacrifice de samouraïs exemplaires qui, au début du 18ème siècle, eurent à cœur de venger l’honneur de leur maître Asano, conduit à sa perte par Kira, un seigneur arrogant. Le scénario imaginé par Chris Morgan, Hossein Amini et Walter Hamada — les trois plumes du film — ont conservé la trame de la légende nationale. Ils ont tout de même ajouté un nombre conséquent d’éléments romanesques, imaginant un triangle amoureux et, par là-même, le héros de l’histoire Kai, joué par Keanu Reeves, fruit des amours d’une paysanne et d’un marin anglais de passage.

Le personnage de Kai a permis aux scénaristes d’injecter une dose importante de fantasy. C’est la principale entorse qu’ils font au récit traditionnel, cependant ils ont accompli leur ouvrage en puisant judicieusement dans les mythes de l’archipel : enfant non désiré, Kai est abandonné par sa mère dans la forêt des Tengu, démons féroces du folklore japonais qui l’élèvent et lui enseignent « l’art de tuer ». Approchant l’âge adulte, Kai s’enfuit de la forêt pour regagner le monde des humains. Il est recueilli par le clan Asano, mais sa nature double de « sang-mêlé » (à moitié japonais et à moitié anglais, mais surtout mi-humain, mi-démon) le relègue à un statut peu enviable de bâtard. L’aventure qui l’attend au sein du groupe des quarante-sept « rônin » (les samouraïs sans maître) va lui permettre de trouver sa place parmi les hommes, d’être accepté comme leur égal.

La critique américaine n’a pas été tendre avec le film, qui, c’est vrai, accuse quelques défauts lui donnant un aspect inauthentique : outre le fait que tous les personnages dialoguent en anglais (on n’entend pas un seul mot japonais dans le film !), la mise en scène impose des effets spéciaux numériques hideux qui s’intègrent mal à l’image et encore moins à l’esprit de la légende. Dans le même ton, l’actrice Rinko Kikuchi (Pacific Rim) campe une sorcière grimaçante semblant tout droit sortie d’une production Disney. Mais bon, ces anomalies n’empêchent pas 47 Ronin d’exalter moult valeurs chevaleresques, l’honneur, le courage, et on prend un plaisir certain à suivre le film de Carl Rinsch, dont il s’agit du premier long métrage. À signaler dans la distribution, la présence d’une vedette du cinéma japonais, Hiroyuki Sanada, vu également dans Wolverine : le Combat de l’immortel et la série Lost. Sanada incarne le samouraï Oïshi, à la tête des 47, un rôle d’importance égale à celui de Keanu Reeves. Ci-dessous, la bande annonce, bizarrerie supplémentaire, qui résume une histoire très différente de celle racontée par le film !

Sorti le 2 avril 2014.