Les Macht ! Jadis ce nom a fait trembler tout le continent. Des guerriers disciplinés, sans peur, fiers de combattre, capables de tous les sacrifices et de toutes les prouesses sur un champ de bataille. Aujourd’hui ce peuple ne quitte plus son île et les batailles opposent les cités les unes aux autres. Le reste du monde est devenu un puissant empire qui ne se préoccupe plus de ces vestiges d’un lointain passé.
Le frère de l’empereur décide de s’emparer du trône et fait appel à la seule arme à même de lutter contre les gigantesques armées de l’empire : une troupe de 10.000 mercenaires Macht. Tels leurs lointains ancêtres ils vont franchir la mer et devoir traverser les nations d’Asurian pour atteindre le coeur du royaume.
Rictus n’a plus de cité, elle a été rasée jusqu’aux fondations. Il décide de rejoindre les rangs des mercenaires. Lui qui n’a qu’un seul désir, mourir au combat,le voilà entrainé dans la plus grande épopée Macht depuis des centaines d’années.
Pour les cinéphiles la marche des mercenaires à travers l’empire d’Asurian ne sera pas sans rappeler le film 300. Pour les littéraires ce sera l’histoire des dix mille de Xénophon. Quelle que soit la source d’inspiration de Paul Kearney, son roman reste dans la lignée des récits de grandes batailles, et prête le flanc aux mêmes attaques. Il est possible de ne voir qu’une suite de combats, où l’horreur le dispute à la testostérone. Ce serait très réducteur, et ne rendrait pas hommage au style de l’auteur.
Le récit ne s’attache que très peu à décrire le monde dans lequel évoluent les personnages, seuls quelques vagues allusions au passé , aux différences physiques entre les races ou quelques descriptions des paysages traversés permettent de s’imaginer l’univers environnant. Paul Kearney garde tout son talent pour la description des batailles, de la peur qui précède l’engagement, des mouvements de troupes, de la perte de lucidité, des liens entre frères d’armes. La sensation d’être au coeur de chaque mêlée est très forte.
Les personnages eux-mêmes ne sont pas très fouillés, et cela participe également à la sensation de suivre l’aventure d’une armée et non pas celle d’individus particuliers. Le héros, Rictus, n’est finalement pas plus important que cela, et un quelconque mercenaire Macht pourrait le remplacer dans ce récit.
Le roman est émaillé de temps à autre de réflexions sur la guerre et ses conséquences à moyen terme pour le quotidien du peuple. L’ambiguité est de mise sur le rôle de chacun. Ici ni bons ni méchants. Les Macht sont des mercenaires, capables du pire comme du meilleur. Les armées de l’empereur défendent leur royaume, quitte pour cela à affamer une cité entière en réquisitionnant toutes les réserves de nourriture.
Le style est direct, vif et entrainant. Une fois commencée, difficile de ne pas continuer la lecture chapitre après chapitre pour connaitre la suite des aventures des 10.000. Attention tout de même pour les âmes sensibles, les batailles sont épiques mais très loin d’Hollywood. Les hommes meurent par milliers, piétinés quand ils tombent, le crâne écrasé par un bouclier ou transpercé par une lance. Les cités sont pillées, les femmes sont des prises de guerre, et les blessés sont achevés sans aucune pitié. Aucune concession n’est faite.