Une lecture très distraite des crédits pourrait faire passer The Day pour la nouvelle réalisation du cinéaste de Black Swan et Requiem For a Dream. Mais non, Darren Aronofski n’a rien à voir dans cette affaire. Douglas Aarnokioski n’est autre que le réalisateur du dérisoire Highlander: Endgame, dans lequel ne jouaient ni Jennifer Connely, ni Nathalie Portman. Une sacrée différence de pedigree, mais aussi une bonne surprise car The Day est une œuvre tout à fait recommandable. La caméra d’Aarnokioski suit une bande de cinq survivants sur une route de cambrousse américaine. On ne sait pas exactement quelle catastrophe s’est produite, peut-être une guerre civile ou un désastre écologique. En tout cas le monde tel que nous le connaissons n’existe plus. Le film donne à voir 24 heures de la vie du groupe.

The Day ressemble à The Road de John Hillcoat, dans le fond comme dans la forme : même ambiance de fin du monde, même photo monochromatique, sans oublier les penchants cannibales de certains survivants. Heureusement, le film parvient à s’affranchir de cette référence encombrante pour tracer son propre sillon, notamment grâce à ses personnages. The Day prend le temps de présenter chacun des héros, de leur donner une vraie épaisseur. Deux personnages sortent du lot. Rick, le leader, est interprété par Dominic Monaghan, que tout le monde connaît pour ses rôles dans Lost et Le Seigneur des anneaux. C’est le plus idéaliste des cinq, il pense que reconstruire un monde viable reste possible. Sa foi est tout entière contenue dans un bocal renfermant des semences de céréales (notez le symbole !). Mary (Ashley Bell, Le Dernier Exorcisme), est plus dure à cerner : avare du moindre mot, elle est à la fois dans et hors du groupe, et ne manque jamais une occasion de s’isoler. Le road-movie pédestre se transforme en film de siège lorsque les amis pénètrent dans une baraque abandonnée, avec des anthropophages circulant alentour… Tension et violence vont aller crescendo. Production modeste mais efficace, The Day fait passer une heure trente sans qu’on songe à regarder sa montre. Dans la dernière minute, Douglas A. réalise même un petit exploit de mise en scène : au dernier Festival de Gérardmer, où le film a été présenté, la conclusion a suscité rires de surprise et applaudissements grâce à un plan qui, sur le papier, ne s’y prête absolument pas. Je n’en dirai pas plus.

Disponible en dvd, blu-ray et VOD à partir du 16 janvier 2013 (Wild Side Vidéo).