The Autopsy of Jane Doe nous fait passer une heure trente en compagnie d’un joli cadavre, celui d’une jeune inconnue trouvée sans motif de décès apparent. « Jane Doe » (le pendant féminin de « John Doe », patronymes attribués dans les pays anglophones aux personnes non identifiées) est livrée dans toute sa pâle nudité sur la table d’autopsie de Tommy, vieux coroner expérimenté, et de son fils Austin, qui s’y connaît aussi mais rechigne à l’idée de reprendre plus tard les pompes funèbres familiales. La soirée est déjà avancée lorsque les deux hommes se préparent au rituel bien ordonné de la dissection légiste. De quoi Jane est-elle morte ? Riche en découvertes macabres, la nuit va être longue.
Comédienne elle-même inconnue, la brune Olwen Catherine Kelly incarne la morte et passe donc la totalité du métrage nue et immobile sur le marbre froid de la table d’autopsie. Le trépas ne lui interdit pas d’avoir de la présence et, comme la caméra, on a du mal à se détacher de ses yeux laiteux qui fixent le plafond alors que les légistes palpent, coupent, sectionnent, extraient peu à peu le contenu de son cadavre. Le tout dans les bruissements humides des tissus organiques et les craquements lugubres des os qui cassent. Éprouvante sur la longueur, l’opération plonge peu à peu dans le surnaturel, avec des manifestations périphériques inquiétantes : le macchabée a beau être anonyme, il n’a rien d’anodin, et la belle « Jane » ne serait peut-être pas sans lien avec un célèbre épisode de l’Histoire américaine, à la fin du 17ème siècle en Nouvelle-Angleterre…
Par la faute de quelques lignes de dialogue trop explicatives et de deux ou trois effets téléphonés, le mystère s’étiole un peu dans le dernier acte. L’ultime plan, également, conclut hélas la projo avec une touche d’humour qui tombe comme un cheveu sur la soupe. Mais on aurait quand même tort de bouder son plaisir : The Autopsy of Jane Doe (signé André Øvredal, le réalisateur de Troll Hunter) baigne dans une ambiance résolument horrifique et réserve d’authentiques moments très inquiétants. Le coroner senior est joué par Brian Cox (qui fut il y a 30 ans le premier interprète d’Hannibal Lecter dans Manhunter de Michael Mann), et son fiston par Emile Hirsch, vedette du jour au lendemain grâce à Into The Wild (2007) de Sean Penn et qui a mené une carrière plutôt discrète par la suite. Leur duo fonctionne lui aussi très bien, et c’est heureux car c’est l’une des clefs de la réussite du film.
The Autopsy of Jane Doe est disponible depuis le 21 décembre 2016 aux Etats-Unis en VOD. Aucune date officielle de diffusion française pour le moment…