Forts de la notoriété de la première anthologie sortie en 2012, les producteurs Ant Timpson et Tim League ont décidé de ne pas s’en tenir là et de laisser une nouvelle fois carte blanche à 26 réalisateurs (en fait 29 car il y a cette fois des binômes) pour écrire et réaliser autant de courts métrages ayant la mort pour thème, après tirage au sort d’une lettre de l’alphabet. The ABCs of Death, première leçon, avait placé la barre assez haut, pas forcément en termes d’excellence artistique (aboutir à 26 films d’un niveau homogène relève de la gageure), mais la somme inédite d’extravagances jetées sur l’écran deux heures durant avait de quoi laisser pantois. La seconde orgie est-elle du même tonneau ? C’est ce que nous allons voir…
Passé un générique animé tout en douceur macabre, accompagné d’une musique jouée au piano pour enfants, on entre dans le vif du sujet avec Amateur d’E. L. Katz. Katz est new-yorkais, il a l’âge du Christ et, avant de se lancer dans la réalisation, il s’est fait remarquer en signant par exemple des papiers dans la célèbre revue de ciné fantastique Fangoria. Après un long métrage tourné en 2013 (Cheap Thrills, avec Sara Paxton), le voici aux manettes de ce tout premier film de l’abécédaire. Le dilettante du titre est un tueur à gages qui s’apprête à liquider un mafieux cocaïnomane protégé par une équipe de porte-flingues. La première étape consiste à infiltrer le Q.G. du bandit en empruntant les conduits d’aération. Une reptation qui ne se fera pas sans heurts… Pour ceux qui connaissent, Amateur rappelle un peu Corridor du Français Alain Robak (film lui-même inclus dans une anthologie, Adrénaline, sortie en 1990), avec un héros souffre-douleur lancé dans un vrai chemin de croix. Le court de Katz est moins réussi, les malheurs du type paraissent un peu forcés, mais la conclusion est rigolote et elle arrive vite, puisque, comme dans les 25 autres films, l’histoire se conclut en cinq minutes max.
Let’s go to Britain avec Badger de Julian Barratt, qui nous raconte le tournage d’une séquence d’émission animalière. Le présentateur est un connard imbu de sa personne, il martyrise sa petite équipe, laquelle, il est vrai, n’affiche pas la meilleure volonté du monde pour relayer le message écolo : à cause de l’implantation d’une centrale nucléaire, un coin de cambrousse a vu s’éteindre toute sa population de blaireaux (« badgers »). Et si les bestioles n’avaient pas vraiment disparu ? L’histoire est captée via une caméra intradiégétique, on est en donc devant un « found footage » mais qu’on se rassure : ce sera — presque — le seul de l’anthologie et la chute gore à souhait, comme dans Amateur, est assez fendante.
Capital Punishment est un des clous du spectacle, et on le doit à un autre Anglais, Julian Gilbey, dont vous avez peut-être vu le long métrage A Lonely Place To Die (2011, en v.f Poursuite mortelle). La population d’une bourgade a mis la main sur le prétendu coupable de la disparition d’une adolescente. Tenu en laisse au milieu d’une foule de locaux très énervés, le gars a du mal à faire entendre sa voix, d’autant que les ploucs n’ont qu’une envie : lui faire la peau, à l’ancienne, la tête sur le billot… Gilbey assimile de façon limpide la peine de mort à un anachronisme digne du Moyen Âge, de ses chasses aux sorcières et autres procès en hérésie. L’histoire est menée pied au plancher jusqu’à une conclusion sanglante et grotesque qui fait grincer les dents.
United Kingdom, three points ! On reste encore outre-Manche avec Deloused (« épouillé »), emballé par le dénommé Robert Morgan. Comme le fait chaque jour son compatriote Lee Hardcastle (Toilet), Morgan a œuvré en solo, patiemment, dans son coin pour livrer un court d’animation en stop motion d’une glauquitude sans pareille : un sujet ficelé sur une table d’opération voit l’arrivée de trois personnages aux allures de Cénobites échappés d’Hellraiser. Leurs crânes chauves grouillent de vermine, il leur manque un œil (ou deux), et ils ont tôt fait de mettre la victime au supplice en lui plantant une seringue dans la gorge. Les chairs à demi putréfiées laissent échapper des morceaux qui font « plouitch ! » en s’écrasant au sol, un insecte géant tend vers nous son orifice anal aux propriétés aspirantes… Pas impossible que le réalisateur se soit livré à un exercice d’écriture automatique, laissant libre cours à un imaginaire morbide d’où se sont extraites, en plus des visions d’horreur, quelques lignes de dialogue sibyllines. Un surréalisme digne des visions hallucinatoires d’un junkie neurasthénique.
Ouf ! Equilibrium d’Alejandro Brugués (Argentine) nous sauve in extremis de la dépression en relatant les tribulations de deux Robinson sur une île déserte. La longueur des poils indique que les compères se sont échoués là il y a un petit bout de temps. Ils ont trouvé leurs marques, leur équilibre… et voilà que les vagues leur amènent une jolie naufragée. La belle inconnue change illico les termes de l’équation. Une comédie solaire et sympathique — quoiqu’un brin misogyne — signée par le cinéaste de Juan of the Dead.
L’arrivée d’une dame bouleverse aussi la donne dans Falling d’Aharon Keshales et Navot Papushado, sauf que, cette fois, l’héroïne, une parachutiste de l’armée israélienne, déboule dans l’histoire par la voie des airs. Suspendue aux branchages d’un grand arbre en plein territoire palestinien, elle cherche le moyen de se tirer de ce mauvais pas. Un jeune Arabe passe par là… La compréhension, l’entraide, l’amour sont à la portée des Juifs et des Palestiniens, semblent nous dire les auteurs, cependant vite rattrapés par un fatalisme qui rabat le caquet aux bons sentiments. C’est sûr, si le mauvais sort s’en mêle… Le duo de réals de Tel-Aviv est plus inspiré dans ce court que dans leur dernier long en date, Big Bad Wolves.
Nouvelle virée au Royaume-Uni avec Grandad, où Jim Hosking plante face à face un aïeul et son petit-fils, un grand con dégingandé qui squatte l’appartement de Papy depuis un an. La cohabitation est tendue, l’hostilité larvée. C’est sûr, ça va finir par péter ! Le dénouement sanglant vire au nonsense cher aux Britanniques, et ce n’est sans doute pas Bill Plympton, auteur de Head Games, le film suivant, qui viendrait nous contredire. Dans son court, l’auteur américain de L’Impitoyable Lune de miel résume en un plan fixe (mais mouvementé) une relation amoureuse, de l’élan passionné initial jusqu’à la détérioration des sentiments et le conflit ouvert. Outrance graphique, bande son fignolée… La « Plympton’s touch » donne un film qui s’achève sur une note très amère.
Invicible nous emmène aux Philippines. Erik Matti met en scène une petite bande de vautours qui se languissent de voir enfin caner leur très vieille maman. Mais l’héritage promis n’est pas pour tout de suite : qu’importent les tortures, les balles tirées à bout portant, la centenaire ficelée sur une chaise est increvable et les nargue de sa voix de sorcière (elle ressemble d’ailleurs comme une sœur à Helena Markos, alias Mater Sospiriorum dans Suspiria !). C’est violent, c’est gore, mais c’est du cartoon pour les grands, ça fait rigoler mais surtout jamais peur.
Rupture de ton avec Jesus de Dennison Ramalho (Brésil), qui présente néanmoins un pont avec le film précédent : on retrouve là aussi un personnage assis et ligoté, mais pour de toutes autres raisons. Les hommes de la famille, assistés par un prêtre, torturent un des fils, convaincu d’homosexualité. Les types hurlent leurs imprécations à la gloire de Dieu lors d’une séance d’exorcisme aussi violente qu’absurde, où le visage de la haine se dévoile grâce à des maquillages extrêmement flippants. Un court salutaire à passer en boucle à Frigide Barjot, Ludo de La Rochère ou Christine Boutin.
Dans Knell (« le glas ») de Kristina Buožitė et Bruno Samper (Lithuanie), une jeune femme seule dans son appartement, au crépuscule, assiste à ce qui ressemble fort à la fin de la civilisation : dans les immeubles voisins, toutes les fenêtres éclairées laissent soudain entrevoir des scènes de violence meurtrière… Sans parole, le film parvient à rendre prégnante la menace qui, tout à coup, pèse sur l’héroïne. Knell fait peur, il est aussi très beau et réserve quelques plans d’une poésie macabre fort inspirée. De la belle ouvrage par la cinéaste de Vanishing Waves, et, soit dit en passant, cela fait plaisir de voir enfin un titre réalisé (en tout cas coréalisé) par une femme. Nous en croiserons deux autres, et non des moindres, un peu plus bas dans cet article.
Legacy de Lancelot Oduwa Imsuen est un des segments les plus insolites de ces nouveaux ABCs, ne serait-ce que par sa provenance, le Nigeria. Les films d’horreur africains ne sont pas légion — c’est un euphémisme que de l’affirmer —, en voici donc un, façon « roots », avec des villageois portant pagnes, un sorcier et un homme-rat pourvoyeur de mort exécutant une sorte de malédiction. La narration n’est pas d’une clarté à toute épreuve mais les faits sont là : d’un premier degré absolu, Legacy est une curiosité qu’on ne s’attendait vraiment pas à voir dans cette anthologie largement dominée, au générique, par des productions américaines et européennes.
Le court suivant a une position un peu particulière dans la collection car le film est le vainqueur d’un concours lancé sur Internet par les producteurs des ABCs. Des dizaines de réalisateurs ont envoyé leur film, dont le titre devait forcément commencer par la lettre M. Meat, Migraine, Mannequin, Misanthrope, Marmelade… La treizième lettre de l’alphabet a inspiré du monde, les internautes ont voté et désigné l’heureux élu pour intégrer l’abécédaire, en l’occurrence l’Américain Robert Boocheck, auteur de Masticate. Soit une séquence filmée entièrement au ralenti qui ne nous fait rien louper de la course en pleine rue d’un barbu grassouillet en slip et chaussettes, pris par une sorte de frénésie cannibale. Une folie dont quelques passants vont faire les frais et dont on apprend l’origine au moment de la chute, comme il se doit inattendue. Et drôle. Bravo, Robert !
Dans Nexus, un 31 octobre tourne mal : le grand gars à vélo, avec son masque de Frankenstein, ne voit rien de la circulation ; le chauffeur de taxi se penche sur ses mots croisés au lieu de viser son itinéraire… Ce n’est pas le destin qui est à l’œuvre mais Larry Fessenden, qui a tout fait, écrit, mis en scène, cadré, monté le film, il a aussi fabriqué lui-même le masque de Frankenstein. Malgré sa conclusion, l’histoire n’a rien de renversant (sans jeu de mots), mais d’un point de vue strictement formel, c’est du très bon boulot.
Lorsqu’on parcourt un abécédaire, la moindre des choses est d’apprendre des mots nouveaux. En voici un : ochlocratie, terme qui désigne une forme de gouvernement par la foule. Hajime Ohata imagine qu’une épidémie de zombification s’est conclue par l’arrivée d’un vaccin, qui redonne des couleurs aux morts-vivants et, par la même occasion, une faculté de réflexion. Dur : les ex-zombies, majoritaires dans la société, ont instauré des tribunaux où une justice expéditive punit les vivants qui les ont persécutés ! Peinture d’une société déliquescente, Ochlocracy révèle une forme inédite d’anarchie qui met mal à l’aise, ce qui n’empêche pas de classer le film parmi les meilleurs titres de cette seconde fournée.
Le bègue P-P-P-P Scary! est un hommage en noir et blanc rendu par Todd Rohal (USA) aux bandes de comiques américains de l’entre-deux-guerres, par exemple les Three Stooges et leur humour slapstick. Trois corniauds, donc, portant nez postiches et tenues rayées de bagnards, déambulent dans les ténèbres avec une petite lanterne. Ils tombent sur un type dont le large sourire (le fameux « grin » cher au Joker comme au Cheshire Cat) évoque plus la folie que la bonne humeur. Un court surréaliste, encore, d’une extravagance menaçante plus ou moins lynchienne. Définissons ainsi l’objet tout en gardant le droit de rester perplexe.
Comment évaluer si une personne que l’on a en face de soi est intelligente, un peu, beaucoup, s’il s’agit d’un esprit supérieur ou non ? Archi-simple : il suffit de lui poser des questions. Questionnaire nous donne à voir un quidam interrogé par une charmante dame qui, stylo et QCM en main, cherche visiblement à ferrer un surdoué pour une mystérieuse « opportunité de carrière ». Le réalisateur Rodney Ascher nous explique par l’image qu’avoir un Q.I. bien supérieur à la moyenne n’empêche pas de finir dindon de la farce. Méchant.
Roulette de Marvin Kren (Allemagne) n’a ni début, ni milieu, ni fin, on a l’impression d’une scène extraite d’un métrage plus long dont on ne verra jamais le reste. Jugez plutôt : trois personnages — deux hommes et une femme — sont assis autour d’une table dans un sous-sol pour une partie de roulette russe. Le flingue passe de main en main, le percuteur tape une fois, deux fois dans une chambre vide… Quelqu’un va y passer. À la fin, de nombreux bruits de pas se font entendre à l’étage, et on comprend vaguement que les trois protagonistes sont prisonniers. Prisonniers de qui, où, pourquoi ? On n’en saura rien, mais bon, si le seul but était de faire peur, c’est réussi : c’est drôlement stressant, une partie de roulette russe.
Dans Split de Juan Martínez Moreno (Espagne), Monsieur est en déplacement à l’étranger, il donne un coup de fil à Madame, restée seule à la maison. Pendant la conversation, on sonne à la porte d’entrée. Le visiteur est armé, il n’est pas venu boire le thé… « Home invasion » un contre un, avec le mari paniqué au bout du fil. Rythme et mise en scène excellents (avec des effets de montage en « split screen » fort à propos), mais la conclusion à chute, même si elle est cocasse, a du mal à justifier le déploiement de violence.
Les meilleurs films, y compris d’horreur, ont un message à livrer. C’est le point de vue des sœurs Jen et Sylvia Soska, elles l’ont exprimé dans l’entretien qu’elles ont accordé à Khimaira l’an dernier. Torture Porn, signé par les jumelles canadiennes, s’attaque à la misogynie et, en particulier, à l’exploitation des femmes dans le milieu du X. Une aspirante porn star tourne un bout d’essai sous la direction d’un salopard entouré d’une équipe de techniciens non moins graveleux. Le mec est du genre brutal, il entend bien profiter de la situation mais il n’a aucune idée de la nature véritable de sa proie… Évidemment, les intentions des frangines sont louables, et on retrouve avec plaisir Tristan Risk, une de leurs comédiennes-fétiches, dans le rôle principal. Cela dit, la démonstration a beau culminer en un festival graphique digne d’un manga, elle enfonce surtout des portes ouvertes. Ne manquez pas le tout dernier long métrage des « Twisted Twins », See No Evil 2, à visionner séance tenante dès qu’il sera distribué en France.
Tout le monde il est beau, mais tout le monde il est pas gentil dans Utopia : nous découvrons un monde futuriste à la Gattaca dans lequel chaque citoyen serait digne de figurer en couverture de Vogue. Chaque citoyen, vraiment ? On y travaille : gare au quidam dont les traits quelconques ne colleraient pas aux exigences esthétiques en vigueur ! Cette société dystopique et fasciste ne serait-elle qu’un reflet à peine déformé de la nôtre, où les normes (pas seulement esthétiques) façonnent insidieusement pensées et individus ? C’est la question que l’on se pose après visionnage de ce travail du réalisateur-vedette de Cube, Splice et Haunter, le Canadien Vincenzo Natali, qui a toujours de bonnes idées.
Le Canada est décidément très représenté dans la leçon d’alphabet de la Faucheuse : le court suivant a été tourné par Jérôme Sable, qui nous emmène en vacances en Thaïlande. Dans Vacation, un jeune type, Curt, donne un coup de fil vidéo à sa copine depuis le balcon de son hôtel. Il est parti en vacances « entre potes » avec un certain Dylan, mais attention, les gars se la jouent cool : une ou deux bières sur la plage, des promenades… Sauf que le Dylan en question, raide défoncé, va s’emparer du smartphone pour tout déballer de l’orgie de la veille dans la chambre d’hôtel, images à l’appui. Hilarante et terrifiante à la fois, on peut qualifier ainsi l’apocalypse entre quatre murs (et filmée en un seul plan-séquence de 5 minutes) qui nous attend une fois que le fêtard a l’appareil en main. Un des meilleurs films de cette édition 2 ? Oui !
Surprise : dans Wish, les sœurs Soska sont de retour ! Non pas derrière la caméra, mais devant, à la faveur d’une apparition assez brève (photo ci-dessus) en « reines sorcières ». Steven Kostanski a trouvé une idée originale : mettre en scène avec comédiens en chair et en os l’univers des jouets pour garçons. Deux boys d’une dizaine d’années s’amusent à la guéguerre spatiale avec leurs petites figurines. Soudain les voici précipités dans l’univers de Zorb, où ils vont faire l’expérience in situ des horreurs perpétrées par leurs champions de plastique. Vous aimez la bagarre, petits garçons ? Les morts s’entassent, les têtes explosent, les héros en slip rouge ont tout l’air d’obsédés pédophiles… Kostanski pointe du doigt le design aberrant et la bêtise de certains jouets. C’est très efficace, et la direction artistique est impressionnante compte tenu du budget réduit alloué à la production de chaque segment.
Attention, chers compatriotes, voici arriver le seul et unique court représentant la France : Xylophone des incontournables Julien Maury & Alexandre Bustillo. Le changement d’ambiance est radical après Wish : dans le salon ensoleillé d’un appartement, une petite fille joliment déguisée en fée s’escrime à tirer des sons médiocres d’un xylophone-jouet. Et vas-y que je martèle les petites pièces de bois. La gamine ne se lasse pas, on ne pourra pas en dire autant de sa mamie, qui la garde pour l’après-midi… Pour ces quelques minutes de cauchemar domestique, Maury-Bustillo retrouvent leurs comédiennes fétiches Chloé Coulloud et, of course, Béatrice Dalle, qui interprète sans doute pour la première fois de sa carrière une grand-mère, certes un peu bizarre, mais une grand-mère tout de même. Sinon, à l’instar des qualités musicales du xylophone, le film s’avère malheureusement très faiblard. N’oubliez pas que Julien Maury était l’un des invités du numéro 5 de notre émission Le Manoir des Chimères. Une édition à voir et revoir sur le portail Khimaira TV, d’autant qu’Aux Yeux des vivants, le dernier film en date des deux réalisateurs, est sorti tout récemment en DVD.
Nous voici presque au bout avec Youth de Soichi Umezawa (Japon), petite perle rentre-dedans où une jeune fille règle ses comptes avec sa mère et son beau-père, losers égoïstes et négligents. Le catalogue de reproches énumérés in petto par l’héroïne donne lieu à la mise en scène de fantasmes délirants dans lesquels le couple méprisable est puni par où il a péché. On se surprend à susurrer « Crève, ordure » en voyant les salauds morfler comme jamais. L’adolescente passera-t-elle des intentions à l’action ? On est de tout cœur avec elle.
Une bicoque perdue dans les bois. Le mari part à la ville chercher une sage-femme tandis que sa femme, en proie aux premières contractions, reste seule à la maison. Il revient beaucoup plus tard… Zygote de Chris Nash (Canada) conclut l’anthologie en imaginant une grossesse qui s’éternise, s’éternise… car pas question que l’enfant naisse sans la présence de son papa ! L’histoire met à mal nos repères en liant étroitement naissance et mort, maternité et difformité… Mais bon, l’effet est tout de même un peu facile, et les films d’horreur racontant une gestation monstrueuse sont déjà tellement nombreux qu’on a du mal à s’attacher à celui-ci. D’où une conclusion en demi-teintes pour ces ABCs of Death 2, qui, malgré quelques pièces maîtresses joliment tournées, n’arrivent finalement pas au niveau de la première anthologie et s’avèrent moins drôles, moins sanglants, moins érotiques… La démarche des producteurs, cela dit, mérite d’être saluée car elle est un peu kamikaze (impossible de savoir à l’avance ce que vont donner les 26 films une fois réunis). Surtout, elle libère le cinéma d’épouvante de toute exigence commerciale de studio, en laissant les mains libres aux créateurs à une époque où la plupart des productions fantastiques sont calibrées. La Faucheuse a donc toute notre sympathie, reviendra-t-elle dans quelque temps pour nous donner une troisième leçon ?
The ABCs of Death 2 est disponible depuis début octobre aux USA en vidéo à la demande. En France, il a récemment été projeté sur grand écran à l’occasion d’une soirée spéciale organisée à Belfort par l’association Bloody Zone et son big boss Loïc Bugnon (également directeur et programmateur du festival Bloody Weekend à Audincourt, dans le Doubs).