Je me souviens de Michael J. Bassett comme d’un réalisateur enjoué, ayant fait le déplacement depuis son Angleterre natale pour présenter en une minute chrono son deuxième film, l’efficace Wilderness, au public du Festival de Gérardmer 2007. Une projo in extremis puisqu’il s’agissait de la séance de clôture du festival, le dimanche soir, alors que les cotillons de la fiesta fantastique vosgienne commençaient d’être balayés. Depuis, Bassett a tourné le plutôt réussi Solomon Kane, d’après Robert E. Howard, et le voici aux commandes de cette nouvelle adaptation au cinéma du jeu Silent Hill, après un premier opus signé Christophe Gans en 2006. Le film de Gans a ses détracteurs (qui lui reprochent notamment sa cérébralité froide), mais il peut être qualifié sans réserve d’œuvre de cinéma. Ce qui n’est plus vraiment le cas ici, tant pis pour la personnalité sympathique du Britannique Bassett.
Silent Hill: Revelation est inspiré du troisième volet de la série de jeux. La jeune héroïne de l’histoire, Heather Mason, voit son père Harry enlevé par une secte mystérieuse baptisée l’Ordre. La congrégation est basée à Silent Hill, la ville maudite bâtie sur un ancien sanctuaire indien et hantée par l’esprit maléfique d’Alessa, fillette suppliciée. Aidée par Vincent, lui-même issu de l’Ordre et de Silent Hill, elle se retrouve prisonnière d’une réalité parallèle cauchemardesque où elle va tout apprendre de ses origines…
Le gros problème de ce second Silent Hill sur grand écran est que ce n’est pas un film de réalisateur ni de scénariste, mais de directeur artistique. La production recrée en Cinémascope l’univers plastique du jeu, s’efforçant de caser tous les personnages et éléments de décors familiers des gamers. Pas grand-chose ne manque : une Heather en chair et en os (dans le rôle, l’Australienne Adelaide Clemens est le clone de l’héroïne du jeu, avec quelques années de plus quand même !) va traverser la fête foraine démoniaque, l’horrible hôpital de Brookhaven, croiser les infirmières-zombies et le fameux « Pyramid Head ». À la différence près qu’on n’a pas, ici, la satisfaction de la diriger au joystick ou avec les touches fléchées du clavier. Un scénario-prétexte médiocre, incompréhensible, se charge de justifier les déplacements d’Heather dans les ténèbres de la ville. Le personnage fait des rencontres-éclairs qui ne mènent à rien (Deborah Unger, Malcolm McDowell et Radha Mitchell apparaissent le temps d’une panouille) et finit par se retrouver nez à nez avec une Carie-Anne Moss en perruque blanche, incarnant une maîtresse de cérémonie macabre cruellement dépourvue de charisme. Cela n’a ni queue ni tête, tout est risible, gratuit, emmerdant au possible, et le choix d’une horreur démonstrative à base de CGI ne procure aucun frisson. Au lieu d’être plongé en plein cauchemar, on doit se contenter d’un livre d’images voulues morbides qui n’a rien à raconter d’autre qu’une histoire à dormir debout.
Sortie dans les salles le 28 novembre 2012.