Dans la banlieue de Tokyo, sous le plancher d’une vieille maison perdue au cœur d’un immense jardin, la minuscule Arrietty vit en secret avec sa famille. Ce sont des Chapardeurs.
Arrietty connaît les règles : on n’emprunte que ce dont on a besoin, en tellement petite quantité que les habitants de la maison ne s’en aperçoivent pas. Plus important encore, on se méfie du chat, des rats et interdiction absolue d’être vus par les humains sous peine d’être obligés de déménager. Arrietty sait tout cela. Pourtant, lorsqu’un jeune garçon, Sho, arrive à la maison pour se reposer avant une grave opération, elle sent que tout sera différent. Entre la jeune fille et celui qu’elle voit comme un géant, commence une aventure et une amitié que personne ne pourra oublier…

Comme pour chaque nouveau Ghibli, c’est une joie de retrouver les inventions poétiques des Japonais, toujours à la hauteur. Arrietty ne déroge pas à la règle: l’animation japonaise est de très haut niveau.

Au pays de la douceur…
Le film, sans prétention, nous introduit dans le monde des Borrowers, ces petits êtres chapardeurs qui vivent aux côtés des humains sans jamais se montrer. Arrietty est l’une d’entre eux. Cette jeune fille rêve de liberté et le jardin est son terrain de découvertes malgré les recommandations de sa mère. Arrietty est une Chapardeuse attachante de par son volontarisme et ses envies d’aventures. Jolie comme un cœur, c’est un personnage touchant auquel bon nombre de petites filles peuvent s’identifier.


Le jeune Sho a le cœur malade et doit se faire opérer. Il vient se reposer chez sa tante en attendant de rentrer à l’hôpital. Très doux et rêveur, il croit aux Chapardeurs comme son grand-père maternel et dès son arrivée, il va apercevoir Arrietty. Je n’ai pas tellement ressenti d’empathie pour ce personnage que j’ai trouvé un peu mou et niais. Ses actions ne semblent pas très motivées; dommage, car son respect pour la nature et la famille d’Arrietty fait chaud au cœur.


Homily, la mère d’Arrietty, m’a vraiment fait rire. Toujours sur les nerfs, ses affolements se transforment vite en panique exagérée. À la fois touchant et drôle, c’est le personnage "humour" du film permettant quelques pauses comiques dans cet univers de douceur.


L’histoire est pleine de poésie, de magie, de douceur et de rêverie. Parfois, l’intrigue m’a semblé beaucoup trop lente notamment lors de la première nuit où Arrietty se rend chez les humains pour sa première "chaparde". L’action est vraiment décortiquée (dans les moindres pas) et du coup la tension éprouvée par la jeune fille est moins dynamique.


Dans une première partie, l’intrigue se focalise sur le quotidien de la famille et dans une seconde partie, le déménagement forcé d’Arrietty et ses parents vient bouleverser ce petit monde bien réglé. Comment entretenir une amitié avec un humain lorsqu’on doit soutenir ses parents en même temps? Telle est la nouvelle problématique d’Arrietty. D’abord réticente, la patience et la douceur de Sho briseront les dernières barrières. Arrietty comprendra bien vite qu’il est le seul à pouvoir aider sa famille.

La relation entre Arrietty et Sho n’est pas assez développée ce qui empêche le thème de l’amitié d’être vraiment abordé. Sadako, personnage attendrissant, n’est également pas assez présente. Persuadée comme son père que les Chapardeurs existent vraiment, elle ne prend pas part aux tentatives d’apprivoisement de Sho. Sa complicité avec son neveu aurait pu ajouter des complications pour la famille d’Arrietty tout en développant la relation Sho/Sadako. Sa passion pour les miniatures (notamment cette fameuse maison de poupée…) vient appuyer ses croyances en ces êtres minuscules.


L’intrigue se termine de façon étonnante, mais juste. J’ai été surprise: la déconstruction de la forme classique d’un conte de fées est un choix original qui permet de donner au film une structure plus adulte (à l’inverse des Disney par exemple). Émouvante, la fin n’est cependant pas larmoyante et donne de l’espoir aux deux personnages. Ce final ouvert reste le meilleur choix du film!

N’oublions pas la musique, interprétée par Cécile Corbel, dont les relents celtiques donnent une touche originale aux notes féeriques des habituelles Ghibli. Une BO poétique et reposante.

Au pays des miniatures…
Dès l’ouverture, une nature florissante et sauvage s’offre à nos yeux. Les illustrations parfaites nous mettent immédiatement dans une ambiance de livre illustré. Les couleurs pastel chatoient et les milliers de détails sont impressionnants de minutie. L’ambiance très maison de poupée de l’ensemble du film nous transporte de joie à chaque plan.

La chambre d’Arrietty est d’une beauté hallucinante. Les utilisations qui sont faites des objets humains mélangés aux éléments naturels sont de grandes trouvailles.



Chaque partie de la maison est visuellement décortiquée et le réalisateur s’amuse à filmer les moindres recoins offrant la plus belle vision de miniatures jamais vue au cinéma.





Et puis pour terminer ces tableaux enchanteurs, il ne faut pas oublier la maison de poupée de la famille, grandiose et fascinante où chaque pièce a été travaillée avec soin. La cuisine surtout est ravissante. Juste pour le plaisir, j’aurais aimé voir la chambre…


CONCLUSION
Arrietty, le petit monde des chapardeurs est un Ghibli de nouveau très réussi, plus adulte que Ponyo, mais aussi plus lent et plus merveilleux. La poésie n’est pas la même, mais la nature est toujours aussi importante et ce thème restera le thème phare du studio pour longtemps encore.

Allez-y en famille ou seul! Un conseil cependant: sans les enfants, préférez la VO toujours plus juste qu’une VF…