Un groupe de cinq randonneurs part pour quelques jours d’escalade dans les Highlands d’Écosse lorsqu’ils découvrent une fillette serbe enterrée vivante en pleine forêt. Alors qu’ils tentent de la sauver, les ravisseurs de la gamine les prennent en chasse et une course poursuite sans répit commence. Le groupe traqué doit éviter à la fois les balles et les pièges de la montagne, où il n’y a nulle part où se cacher…
Le réalisateur et scénariste Julian Gilbey s’exprime longuement dans le making-of proposé dans les bonus du disque : « À l’origine du film, explique-t-il, il y avait un scénario écrit par mon frère William, un sombre récit à la Seven avec, en conclusion, une gamine kidnappée qui mourait enterrée vivante. Un traitement très noir, avec lequel j’aurais eu beaucoup de mal à travailler. Alors je lui ai suggéré de partir de cette idée d’enlèvement d’enfant pour aboutir à autre chose. »
Les deux frères ont donc revu la copie et signé un nouveau scénario qui leur donnait la possibilité de tourner le film dans les Highlands, où Julian va régulièrement faire de la rando et de l’escalade (c’est un passionné d’alpinisme). Le moins que l’on puisse dire est que le réalisateur a le sens du cadre et qu’il rend justice au Ben Nevis et aux autres sommets écossais visités lors du tournage : les nombreux plans de montagne sont splendides et, même si l’on découvre A Lonely Place To Die en dvd, on imagine sans peine la sensation de vertige qu’ont pu avoir les spectateurs du film sur grand écran (il est sorti en salles au Royaume-Uni et en Irlande, et il a fait le tour des festivals spécialisés tels que Sitges ou, en France, le tout nouveau PIFFF, à Paris).
Malgré tout, Poursuite mortelle (un titre français horriblement passe-partout) est une déception. Le problème du film de Gilbey (par ailleurs chef-monteur de son métrage, comme il le fut sur Doghouse de Jake West) est son scénario totalement improbable. Les salauds de l’histoire, des Britanniques, sont allés kidnapper une fillette en Serbie pour rançonner sa riche maman. Soit, mais lesdits salauds se seraient ensuite donné le mal de repartir jusqu’en Écosse avec la gamine, juste pour aller l’y enterrer ? Nonsense, comme on dirait du côté d’Inverness ou de Drumnadrochit. Le film réserve d’autres partis pris absurdes, notamment lors du dernier acte situé non pas dans les grandes étendues sauvages, mais dans une zone peuplée, au cœur d’un gros bourg en plein carnaval. Les ravisseurs, qui oublient d’être discrets, canardent à tout va, faisant des victimes un peu partout sans que personne ne s’en aperçoive (des feux d’artifice sont opportunément tirés, permettant aux déflagrations de passer inaperçues). Le bodycount inclut les flics du coin, qui ne sont que deux (!), et la mise en scène de la parade de rue fera rigoler n’importe quel Écossais par son côté folklo très Wicker Man, comme si les Highlands étaient des contrées païennes reculées où il est de coutume de défiler seins nus !
À voir pour les paysages, donc, ainsi que pour les interprètes, tous excellents. Melissa George est superbe, son sidekick dans l’aventure, Ed Speleers, n’est pas mal non plus, et c’est avec un plaisir non dissimulé qu’on retrouve la gueule de cinéma du Tchèque Karel Roden, vu dans Abandonnée de Nacho Cerda, dans Esther et dans Largo Winch. Sean Harris, quant à lui, campe avec talent Mr Kidd, l’un des ravisseurs. Une composition tout en froideur et en retenue, y compris lorsque le personnage arme son fusil à lunettes pour éliminer les héros. On a déjà vu cet excellent comédien dans Isolation de Billy O’Brien, Grand Prix au Festival de Gérardmer 2006, et on le retrouvera bientôt dans le très attendu Prometheus de Ridley Scott.
Dvd et blu-ray sont disponibles depuis hier (Aventi). La bande annonce :
Et un extrait du film :