La vedette de Paranormal Activity 4, c’est Alex, une lycéenne qui partage son temps entre ses parents, son petit frère Wyatt et son boyfriend Ben. Dans la maison d’en face emménagent Katie (personnage central des trois premiers films) et son jeune fils Robbie. Un séjour à l’hôpital de Katie contraint plus ou moins la famille d’Alex à héberger Robbie pour quelques jours. Le gamin est bizarre, il est avare du moindre mot et affirme avoir un ami invisible qui le suit partout…

Le scénario, qui mêle hantise et possession, n’a aucune originalité, mais ce n’est pas ici ce qui m’a dérangé le plus. Le problème vient de la réalisation, qui, comme celle des films précédents, prend le parti d’une action captée par une multitude de webcams disposées dans chaque pièce de la maison. Outre la laideur des images, le dispositif est d’une absurdité totale, comme s’il était recevable qu’une famille se filme constamment dans ses moindres faits et gestes (à quoi cela sert-il dans la cuisine ? Peut-être à surveiller qui vient visiter le frigo…). Quand les images ne proviennent pas du smartphone d’Alex, le cadre est donc fixe et nous permet, entre deux allées et venues des personnages, d’admirer des pièces vides (c’est passionnant) dans lesquelles on est censé redouter une présence invisible. Un livre qui tombe tout seul d’une étagère, une porte qui se ferme doucement par elle-même, un ballon qui dégringole l’escalier, etc. nous font sentir qu’il y a bien un esprit démoniaque qui s’est tapé l’incruste chez ce petit monde. Le procédé s’éternise pendant plus d’une heure (certains plans sont même utilisés plusieurs fois dans le montage, et on ne devrait y voir que du feu ?) avant que l’ « activité paranormale » s’emballe un peu, ouvrant le champ à des mises en scène ridicules (la fille endormie qui lévite, la mère qui s’envole et retombe comme une bûche du plafond) qui tiennent plus du spectacle de prestidigitation que du 7ème Art.

À qui ce « cinéma »-là s’adresse-t-il ? L’entreprise n’ayant rien à dire ni à apporter d’un point de vue artistique (et ce n’est pas une incongrue séquence-hommage à Shining de Kubrick, en milieu de métrage, qui viendra changer ça), la réponse à la question se trouve sûrement du côté des nombreux placements de produits (pour les ordis Apple, pour un périphérique de console Xbox…), qui visent en gros les 12-17 ans. Tout de même, qu’on soit ado ou pas, il faut être sacrément sous-éduqué, comprenez dénué de sens critique, pour gober toutes ces couleuvres mercantiles. Le caractère putassier de l’affaire se retrouve jusque sur la jaquette du dvd, qui annonce la présence sur le disque d’une version « non censurée », plus longue de 9 minutes que celle sortie en salles en octobre dernier. Je n’ai pas été masochiste au point de me coltiner les deux versions pour les comparer, je me suis contenté de l’option « uncut » spécial dvd, et je ne vois nulle part là-dedans ce qui aurait pu affoler les ciseaux d’Anastasie. Le film n’est pratiquement jamais violent, il ne contient aucun plan sanglant… et si vous imaginiez que ce montage sulfureux pourrait renfermer un plan de l’héroïne, souvent sur son lit, se laissant tenter par une gorge profonde à son petit copain alors que la webcam est sur « on », il va de soi que vous n’en aurez pas pour votre argent…

Sortie des dvd et blu-ray le 6 mars 2013 (Paramount).

Ci-dessous, la bande annonce suivie de quelques clips soigneusement sélectionnés et montés qui font miroiter au client un vrai train-fantôme filmé pied au plancher, ce que PA4 n’est en aucun cas.

 

On peut aussi étirer le supplice grâce à un bonus (baptisé « les dossiers retrouvés ») qui rallonge la sauce de 27 minutes avec une série de scènes coupées. On peut y voir Alex se balader en fée le soir d’Halloween, ou en train de faire ses devoirs de géométrie… Vertigineux ! Ci-après, un extrait avec une réplique instantanément culte, « Que se passe-t-il ? » Eh bien, rien, rien de rien, il ne se passe rien ; c’est précisément le concept.