Et de 1, et de 2, et de 3 ! Le moins que l’on puisse dire c’est que ce produit, vendu comme un phénomène dans les salles obscures des campus américains, ressemble plus, de ce côté-ci de l’Atlantique, à une franchise épouvantable que des producteurs peu regardants sur la qualité du propos ont envie de rentabiliser au maximum et le plus vite possible (faut-il rappeler que la trilogie a été tournée en moins de trois ans ?!).
Si l’on s’attarde sur les grandes sagas du cinéma d’horreur comme Halloween, Vendredi 13, Scream, Chucky… J’en passe (et pas des meilleurs), on se rend compte de l’ampleur des outrages du temps sur la créativité des gens du cinéma d’angoisse. Le genre n’a de cesse de vouloir se renouveler, mais force est de constater que ce n’est pas toujours réussi. Le projet Blair Witch (Daniel Myrick et Eduardo Sanchez, 1999) avait jeté les bases du cinéma-réalité d’angoisse dans lequel le spectateur est la caméra vidéo embarquée par les protagonistes. Rien ne nous était épargné : l’attente, l’ennui et les crises d’hystérie des protagonistes ; et c’est bien sur ce filon que Paranormal Activity a décidé de surfer.
Sachant cela et ayant délibérément boycotté cette trinité horrifique lors de sa sortie en salle, je n’étais certainement pas parti pour passer un bon week-end.
Et effectivement, ça a mal commencé…
Le premier épisode (Oren Peli – 2009) raconte de manière désolante les dernières semaines de la vie d’un couple (Katie & Micah) vivant dans une maison qui semble occupée illégalement pas un esprit. Pour tenter de démasquer ce fantôme, Micah achète une caméra vidéo pour filmer leur chambre à coucher 24h sur 24h. La mise en scène de ce film est dictée par le concept. Les trois quarts des plans sont fixes avec quelques plans en caméra à l’épaule. On est effaré par la pauvreté du scénario qui ne réinvente aucunement le genre. Il faut même dire que trop peu de choses ne se passent et qu’au final on s’ennuie fermement. Les rares minutes d’action à la fin ne permettent pas de rehausser le goût de cette crème qui ne deviendra jamais de la chantilly.
Le second opus (Tod Williams – 2010) revient quelques mois en arrière et nous fait le tour du propriétaire de la magnifique villa de la sœur de Katie : Kristie. En effet, on apprend au détour d’une conversation anodine dans le long métrage précédant que les phénomènes inexpliqués remontent à l’enfance du personnage principal. Au début du film, on a bien peur d’être tombé sur le concept « On prend les mêmes et on recommence » : même famille, même type de maison d’une banlieue cossue et même mode opératoire du metteur en scène (on met des caméras et on attend). Mais la bonne surprise se cache dans les petits changements qui en font un film très réussi : le caméscope devient des caméras de surveillance disséminées partout dans la maison et, cette fois-ci, rien n’est prévisible. L’attente est savamment orchestrée pour provoquer une montée de l’angoisse du spectateur qui ne trouve aucun répit.
Dans ces conditions, impossible d’attendre pour continuer à frissonner.
Le troisième volet de la saga (Joost et Schulman – 2011) se penche, quant à lui, sur les origines des troubles paranormaux dans l’enfance des deux sœurs Katie et Kristie, élevées par leur mère et son nouveau jeune compagnon, monteur vidéo (ce qui aide le scénario) dans les années 80.
Il semble évident que pour que le concept ne s’use pas, il incombe au réalisateur de se renouveler à l’intérieur de cette catégorie de films d’épouvante. Si le premier fonctionne moins bien que les autres, c’est certainement à cause de ce manque d’audace dans la créativité cinématographique. Ici, le coup de génie du duo aux manettes de ce film se cache dans le bricolage diabolique d’un des protagonistes en montant l’une des caméra sur le pied d’un ventilateur qui permets au spectateur de voir la pièce à l’aide de plans panoramiques assez lents. Qu’il se passe quelque chose (ou pas), le spectateur s’attend au pire quoiqu’il arrive et cette attente fait monter l’angoisse qui est malheureusement mise à plat dans les dernières minutes du film avec l’explication visuelle de l’origine du phénomène.
Il ne faut pas oublier que la peur est souvent due à l’inconnu (ce qui habite les deux premiers épisodes) et cette révélation laisse un arrière goût amer pour les grands fans de frissons haute définition.
On peut s’étonner de la pauvreté du contenu du DVD édité par Paramount Pictures. On y retrouve en effet qu’un un « montage effrayant » qui se révèle être un bêtisier de 3 minutes ainsi qu’une fausse publicité (1 minute).
Ce Paranormal Activity 3 pourrait et devrait marquer la fin de la série, mais les créateurs ont annoncé un quatrième dont on peut dès maintenant deviner le propos : la cavale de Katie avec son neveu et une amnésie sur les événements passés. L’enfant grandit et doit affronter ses démons…
On peut d’avance redouter cette sortie prévue en 2012, car toute bonne chose doit avoir une fin.