De prime abord, on pourrait croire qu’il s’agit d’un thriller écologiste : une nouvelle ère glaciaire a débuté, provoquant la fuite des populations vers les zones du globe jadis chaudes et désertiques, désormais les dernières régions habitables. Comment expliquer le phénomène ?
Alors que nous sommes depuis un certain nombre d’années conscients du réchauffement climatique (et de ses conséquences à moyen terme sur nos modes de vie), l’auteur du Gène Atlantis A.G. Riddle imagine l’humanité confrontée au péril inverse, une congélation du monde généralisée, ensevelissant les espaces naturels et les grandes métropoles sous des décamètres de neige et de banquise. Le héros de l’histoire se nomme James Sinclair, c’est un scientifique surdoué et condamné à une lourde peine de prison pour une initiative malheureuse, une invention dont on ne connaîtra la nature qu’au fil de la lecture. Moyennant une grâce présidentielle, Sinclair accepte de prendre les rênes d’une opération de la dernière chance pour sauver la planète, un voyage spatial peut-être sans retour au cœur de notre système solaire…
L’humanité n’a donc pas grand-chose à se reprocher dans ce roman où le danger ne consiste pas en un retour de bâton écologique venant punir l’Homme de ses mauvaises manières, irresponsables et autodestructrices. Tant mieux, voilà qui coupe court à toute morale culpabilisante pour nous plonger au cœur d’une intrigue de SF disons à l’ancienne, avec une menace mortelle dissimulée loin, très loin de nous. L’atout principal du bouquin tient dans le personnage principal, James Sinclair, trentenaire imaginatif, hyperactif et sympathique qu’on se représente aisément comme un clone de Matt Hooper, le jeune océanographe un peu farfelu joué par Richard Dreyfuss dans Les Dents de la mer. Dans le film de Spielberg, le scientifique part en expédition en haute mer pour affronter le squale ; ici son quasi alter-ego part pour des mois dans le vide spatial à la recherche d’un autre monstre. Sans être toujours haletant (et en dépit, également, de l’absence gênante de toute considération sur la faune et la flore terrestres, forcément anéanties par la glaciation), le bouquin se suit avec un intérêt constant, d’autant qu’il nous raconte aussi une belle histoire d’amour via une narration à deux voix, celle de Sinclair, donc, et celle d’Emma, autre scientifique généreuse et courageuse se retrouvant à partager la même destinée d’aventure en apesanteur. Les dernières pages donnent à lire une conclusion à l’histoire tout à fait acceptable, cependant Winter World/L’Hiver du monde (joli titre français, quoique ce soit déjà celui d’un livre de Ken Follett) est présenté comme le tome premier d’un cycle. Alors à bientôt pour la suite…
En librairie depuis le 2 juin 2021.