Ce roman de la collection Médium de l’école des loisirs est tout simplement un petit moment de bonheur. On glisse à la suite du narrateur le long de la Lena à la découverte de ses habitants, tous joyeusement étranges et sympathiques. Mais saviez vous que pour les animaux de la Lena à la différence des animaux humains, « le rêve et la réalité n’étaient pas vraiment distincts » ?
En dix tableaux et un épilogue savoureux Christian Garcin nous embarque (par la voix de son narrateur Cheng Wanglin) dans la Russie éternelle. Oubliée les voitures, les ordinateurs… juste cette Lena puissante et languissante aux bords et dans laquelle vivent se croisent et s’interpénètrent les destins de Lioubomira Arkhanglesk la louve et de ses petits, du lièvre Anatoli Patamouchto, de l’éphémère Mimolette Perséphone….
Des tableaux savoureux, où le caractère, la naïveté, les noms et la loufoquerie des animaux décrits font mouche. Des fragiles Anastasia Fanfreluche et Mimolette Perséphone à la vie si courte en passant par la famille d’esturgeon râleurs d’Ossoufri Laboda, vous allez passer un très bon moment. Superbement écrit, dans une langue belle, relevée, ces récits peuvent se lire isolément ou bien mieux encore à la suite des uns des autres pour ne rien en perdre du sel de ces histoires qui s’entrecroisent au point qu’on pourrait finir par se persuader que le battement d’aile d’un papillon à la source de la Lena peut provoquer un combat de bœufs musqués à son embouchure.
Dix récits animaliers dans lesquels intervient de loin en loin Goritsa l’esprit de la Lena, pas très doué pour les transformations vous en conviendrez.
Drôle, touchant, ces contes animaliers sont encore plus réussis que dans le tome précédent. L’auteur a trouvé ses marques, le récit (très bien mené dans Aux bords du lac Baïkal et dont on retrouve l’aigle Lelio Lodoli) est plus fluide. Une réussite totale, à découvrir sans faute !