Une nouvelle réédition au format poche pour ce premier volume de la saga Les Bannis et les proscrits. Pour les novices, sachez que James Czajkowski est américain, vétérinaire de formation mais il a depuis un certain temps abandonné son activité auprès de nos amies les bêtes pour se consacrer pleinement à l’écriture. D’où une production littéraire pléthorique, entre thriller et roman d’aventure, signés de deux noms de plume selon le genre abordé, James Rollins ou James Clemens, ce dernier étant son pseudonyme lorsqu’il explore les mondes de la fantasy.
Publiés entre 1998 et 2002 dans leur anglais d’origine, les cinq tomes de la série qui nous intéresse ici relatent le destin mouvementé d’Elena, qui se découvre des talents insoupçonnés pour la magie. Il est dit que la jeune fille de ferme sera « sor’cière », quand bien même la découverte de ce don la plonge, dans ce premier tome, dans un grand désarroi. Au cours d’une nuit tragique où la mort frappe à la porte de ses parents, l’adolescente doit prendre la fuite en compagnie de son frère Joach. Un vieillard maléfique encapuchonné et un soldat sont à leurs trousses, œuvrant pour le compte du Seigneur Noir, qui aimerait s’adjoindre les pouvoirs d’Elena en la convertissant à sa cause démoniaque. Heureusement, l’héroïne pourra compter sur l’aide précieuse de plusieurs petits groupes de personnages, que le destin fait converger vers elle pour faire épouser à tous une cause commune.
Le Feu de la sor’cière — Wit’ch Fire en v.o. — fut donc écrit il y a 22 ans mais ne semble pas daté pour autant, à condition de ne pas s’attendre à engloutir avec frénésie les chapitres d’un « page-turner ». James Clemens n’ambitionne pas de donner dans le « suspense addictif », pour reprendre une expression aujourd’hui consacrée (autrement dit un cliché, souvent repris par les éditeurs en quatrième de couverture), au contraire il prend son temps pour déployer le décor de son univers, pour caractériser les personnages nombreux et poser les enjeux dramatiques (entre autres, comment Elena réagira-t-elle en goûtant à la puissance naissante de son « feu » magique ?). Passé quelques chapitres, on comprend que l’on s’embarque pour un voyage au très long cours, agrémenté de rencontres frappantes avec un large éventail de créatures, soit empruntées au bestiaire traditionnel de la fantasy (gobelins, ogres et « el’phes » répondent présent à l’appel), soit nées de l’imagination de l’auteur qui, à l’occasion, peut s’inspirer de précédents glorieux tels que la mère-pondeuse des Aliens ou les monstres tentaculaires de l’horreur lovecraftienne. Amis claustrophobes, gare au dernier tiers du roman, en grande partie dans l’obscurité de galeries souterraines, où l’on trouve des ténèbres toujours plus profondes… mais aussi quelques longueurs. Mettons que ce soit le prix à payer lorsqu’on s’engage dans l’univers d’un écrivain justement passionné de spéléologie ! Le Feu de la sor’cière est disponible depuis mi-janvier dans cette nouvelle réédition poche. Le tome 2, Les Foudres de la sor’cière, arrivera quant à lui tout prochainement, le 11 mars, dans les rayons de votre librairie préférée. Chronique à venir sur Khimaira…