Nos voisins allemands ont parfois la chance de découvrir bien avant la Gaule des titres aussi alléchants qu’Iron Sky (dont le dvd va sortir en Germanie d’ici la fin du mois) ou notre 100% französich Last Caress, inédit chez nous alors qu’il est disponible outre-Rhin depuis le printemps dernier ! L’actualité vidéo teutonne de l’automne nous permet de découvrir aujourd’hui ce Julia X aguicheur, projeté en 2011 au Marché du Film de Cannes, au Screamfest de Los Angeles, au Fantastic Fest d’Austin et au BIFFF. Une vraie bête de festival qui débute comme une comédie romantique pour bobos, avec un travelling avant sur un mec et une fille attablés dans un coffee shop cosy tout en briques. Ils se font de gentils sourires, parlent de voyage à Paris… Les deux ont commencé par chatter sur Internet avant de sauter le pas du premier rendez-vous. Mais on se réveille tout de suite, on n’est pas dans une comédie avec Tom Hanks et Meg Ryan : le bellâtre est un psychopathe qui lève les filles sur le web et leur marque le cul au fer rouge d’une lettre de l’alphabet avant de les saigner. Dans l’antre du fauve, Julia va écoper d’un X écarlate sur son joli derrière. Mais la 24ème victime de « l’Inconnu » (« The Stranger », tel qu’il est mentionné dans le générique) n’est pas une poulette comme les autres. Julia a du répondant, elle accomplit elle aussi une mission meurtrière, avec la complicité active de sa sœur Jessica : nettoyer la société des prédateurs sexuels qui la polluent. Le type va passer une nuit d’enfer !
Julia X fait hélas partie de ces films qui promettent beaucoup et, au final, offrent peu. Le titre et l’affiche, racoleuse comme on aime, jouent à fond la carte du film d’exploitation en annonçant sexe, gore et violence. De quoi appâter tous les geeks érotomanes de la Terre. On ne pourra cependant dire du bien que du premier tiers du métrage, assez réussi : passé les premières minutes décrites plus haut, le scénario s’engage dans une course poursuite qui ne manque pas de rythme et permet à la caméra de se caler sur les jolies gambettes de Valerie Azlynn/Julia alors qu’elle tente d’échapper au tueur et explore de très chouettes décors (bravo à la direction artistique !). Un jeu du chat et de la souris assez fendant qui s’achève une fois l’Inconnu proprement ficelé et ramené à la casa de Julia et Jessica, véritable maison de poupée où peluches et tentures rose bonbon participent d’une curieuse scénographie dominée par des poupées de chiffon king size… Là encore, le décor est chiadé, et la bizarrerie du lieu nous fait comprendre que les deux nanas ne tournent pas rond (après tout, elles aussi sont des serial killeuses). L’entrée en scène de Jessica (Alicia Leigh Willis), la petite sœur borderline dans sa tenue de Lolita, laisse même augurer du meilleur quant à ce qui va suivre. Pas de bol : pour le spectateur, c’est la fin des haricots !
Ayant pourtant démarré sous les meilleurs auspices, Julia X s’enlise dans des péripéties aussi factices que les quelques effets gore du film, franchement ratés. Les personnages supportent presque sans ciller des sévices qu’aucun être humain ne pourrait encaisser, et les filles, pourtant motivées pour dézinguer l’Inconnu, le laissent des plombes ligoté sur une chaise, le temps qu’il réussisse à se libérer — Julia trouve même le moyen d’aller se prélasser dans un bain ! De son côté, Jessica, bien qu’ouvertement nympho, ne fera rien de cochon avec qui que ce soit, pas même avec le brave mécano levé dans la maison juste en face et dont le passage dans l’histoire ne débouchera sur rien. Bref, voilà un coup d’épée dans l’eau de la part du réalisateur Philip J. Pettiette, qui tenait un sujet en or pour un excellent court métrage, mais pas pour un long. C’est regrettable pour le casting, impliqué à fond dans l’aventure : les deux actrices n’ont pas consenti à se balader à oilpé, c’est sûr, mais elles forment quand même un beau duo de branques, et Kevin Sorbo, l’Hercule de la série télé éponyme, s’est visiblement éclaté à jouer les pervers homicides malgré le manque de profondeur de son personnage (la projo terminée, on n’a rien appris sur lui, pas même son nom !). Attention, cela dit, à l’arnaque quant à la présence de Ving Rhames, mentionné en tête d’affiche : la participation du gaillard est anecdotique et se résume à une panouille juste avant le générique de fin !
Pas de sortie prévue pour le moment en France, donc, mais on vous tient bien sûr au courant dès qu’Hercule pointe vers chez nous l’extrémité rougeoyante de son tisonnier (!). Une future distribution dvd/blu-ray qui ne manquera pas de proposer une édition en 3D, Julia X ayant été tourné (je dis bien tourné et pas converti) en 3D stéréoscopique. La galette que j’ai entre les mains ne m’a permis de découvrir le film qu’en version « plate », mais une petite enquête m’a appris que le shooting tridimensionnel apporterait une vraie plus-value au film en immergeant le spectateur dans les divers décors d’intérieur où évoluent les personnages (d’où le soin apporté à leur confection, comme je l’ai mentionné plus haut).