Le narrateur est le héros du roman. Il part de ses origines, avant sa naissance, d’une mère française qui a franchi les Pyrénées pour partir au service d’une famille de la petite noblesse espagnole. Lorsque le maître de maison décide de partir faire fortune en Amérique, elle décide de suivre la famille. C’est là dans les plaines arides et venteuses de la pampa que le héros de ce roman va naître, fruit du viol d’une mère enlevée par une tribu d’indiens fuyant les persécutions des nouveaux maîtres du continent. Leur cavale s’arrêtera comme elle a commencé, quelques années plus tard, la tribu rattrapée par les soldats sera massacrée et seul le jeune garçon trouvera grâce aux yeux des soldats qui le vendront comme esclave à un marchand de Buenos Aires.
Recommence alors pour ce jeune indien une vie de misère, de brimades, d’exhibitions et de souffre douleur, jusqu’au jour où un navire français de passage sera sa porte de salut, il réussit à fuir et à rejoindre la cale du Neptune. Celui qu’on appelle désormais Angel (je vous laisse découvrir pourquoi) va faire le dur apprentissage de la vie de marin sur le navire, mais surtout vivre une aventure absolument extraordinaire.
Car au moment où le bateau file vers le sud vers des eaux dangereuses et des côtes inconnues, François Place qui vous le savez, est un formidable conteur, nous fait basculer dans un monde entre réalité et imaginaire. Très vite perdus dans les bancs de brumes et le froid polaire, on ne sait plus très bien si on vit un rêve éveillé ou si la réalité a dépassé la fiction. Une tribu, celle des Woanoas, va prendre en otage Angel et un savant de l’expédition Corvadoro, et ils vont nous amener à découvrir un monde étrange fait de coutumes, de pratiques et de règles inconnues de nos deux héros. Là encore la vie dure, la nature éprouvante et le bestiaire local à la hauteur du reste feront passer des moments inoubliables aux deux hommes qui verront peu à peu leur chance de s’échapper et de retrouver le Neptune, s’éloigner.
Une fois lancé, on aimerait vous en raconter toujours plus, aller plus loin dans le détail… mais ce ne serait pas vraiment agréable au final pour vous. Alors vous dire : que François Place est un conteur de génie et qu’il écrit merveilleusement bien ; que cette, ces histoires multiples et envoutantes vont vous emporter ailleurs, là où nulle part vous n’étiez allés ; que vous allez découvrir des mondes fantastiques, flore, faune, êtres humains ; et que la fin ne vous décevra certainement pas…
Une histoire fantastique qui plonge du réel à l’imaginaire comme souvent chez François Place, où la frontière est ténue entre les deux mondes, un univers presque familier pour les fans notamment des albums et romans précédents et notamment de l’Atlas des géographes d’Orbae, un roman qui donne enfin envie d’ailleurs, d’aventure comme on n’en fait plus. La preuve qu’on peut rêver et partir bien loin sans ordinateur, ni autre objet moderne.
Vous l’aurez compris, ce roman est un petit régal en page, une aventure extraordinaire à partager pour qu’on puisse plus tard encore croire en l’histoire d’Angel l’indien blanc.