Le sapin, les lutins, le Père Noël… et quelques têtes coupées ! Il y a tout ça dans A Christmas Horror Story, film à sketches qui applique aux fêtes de Noël les recettes qui font miracle à Halloween !
Un film à sketches, donc, mais monté de manière moderne : adieu les segments juxtaposés et sans lien entre eux ! Comme l’anthologie Trick’r’Treat il y a quelques années, A Christmas Horror Story raconte plusieurs récits se déroulant simultanément la veille de Noël dans une bourgade américaine. Le montage en parallèle passe ainsi d’une histoire à l’autre tout au long de la projo avec, en fil rouge, des interventions au micro d’un animateur radio, « Dangerous Dan », interprété — surprise ! — par William Shatner. Le capitaine Kirk himself vient à peu près toutes les dix minutes nous bercer de sa chaude voix tandis que certains de ses concitoyens de la petite ville de Bailey Downs découvrent la face obscure de la magie de Noël. Un flic local armé d’une scie bafoue la loi en subtilisant un sapin dans une forêt habitée par des trolls ; trois étudiants s’aventurent dans le sous-sol maudit du lycée, ancien couvent où les nonnes n’étaient pas fréquentables ; un industriel en faillite et sa clique familiale entreprennent de soutirer des dollars à une vieille tante imperméable à l’esprit de fête…
Tous les sketches — on le constate avec grand plaisir — sont d’une qualité homogène, mais notons tout de même que la quatrième histoire se détache du lot en nous racontant les mésaventures de Santa Claus en personne (et en majesté, superbement looké et campé par un comédien au physique ad hoc, George Buza), qui a fort à faire en contrant une épidémie de zombification parmi ses lutins ! Les petits bonshommes aux oreilles pointues ont soudain les crocs qui poussent et en oublient d’empaqueter les cadeaux, ils lancent même au gentil barbu des imprécations à faire rougir Linda Blair dans L’Exorciste. Tout cela est d’une drôlerie et d’une sauvagerie extrêmes (armé de sa crosse d’évêque, Santa décapite à tout va !), et nous met d’excellente humeur jusqu’à la pirouette finale, d’une belle habileté scénaristique, qui relie de façon inattendue ce segment avec le fil rouge de « Dangerous Dan ». La chanson « Jingle Bells » version punk rock, qui accompagne idéalement le générique de fin, donne presque envie d’applaudir A Christmas Horror Story, le film parfait à mater entre adultes le 24 au soir aux douze coups de minuit, une fois les bambins couchés.
Production indé canadienne, A Christmas Horror Story est signé par un collectif de cinéastes, Grant Harvey, Steve Hoban et Brett Sullivan (tous trois liés étroitement, dans les années 2000, à l’excellente série de films de loups-garous Ginger Snaps — Harvey a notamment réalisé le troisième film de la saga, Ginger Snaps Back). A Christmas Horror Story est sorti en octobre dans les salles nord-américaines. Le film est sinon disponible en Allemagne depuis quelques jours dans des éditions blu-ray et DVD et sera visible prochainement en France en VOD.