Formée au monde des médias par les objectifs des photographes de mode, l’ex-top model AnnaLyne McCord bénéficie d’une petite notoriété d’actrice grâce à des apparitions dans plusieurs séries TV et surtout à ses participations, depuis quelques années, à des longs métrages d’horreur indie, notamment le très surestimé Excision, en 2012. La voici de retour avec ce thriller teinté d’érotisme et de comédie rock’n’roll. L’histoire est celle d’un jeune type sympathique, Chip (Matthew Gray Gubbler), beau gosse pas idiot mais qu’un tempérament trop gentil a privé des réflexes combatifs indispensables pour se faire aujourd’hui une place au soleil. Chip le naïf est tombé entre les griffes de Liza, une tigresse brutale et nympho qui veut se servir de lui pour dévaliser un de ses michetons. La femme fatale mène l’agneau tout droit à l’abattoir car, bien sûr, rien ne va se dérouler comme prévu…
Liza, c’est donc AnnaLynne McCord, qui pourrait bien faire grincer quelques dents parmi le public parisien de la prochaine édition du PIFFF, où le film sera projeté. Le physique sans défaut de l’ancien mannequin plaide en sa faveur, cela dit arpenter le catwalk en tirant la tronche n’est pas une formation à l’art dramatique, et le réalisateur (l’inconnu Trent Haaga) n’a pas trouvé comment driver le monstre sexy : en totale roue libre, McCord fait des misères à son pauvre fiancé autant qu’aux spectateurs, qui doivent encaisser ses tics de jeu outranciers abominables. La fille roule des yeux et surjoue ses répliques, lance « shit » et « fuck » 827 fois… Ce n’est plus du jeu, c’est du racolage, et pas question de justifier ce numéro par la seule folie du personnage : en pleine dérive dans la Louisiane « white trash » avec un magot volé, le brave héros Chip croise la route d’autres spécimens d’allumés, tous salement dangereux, dont une pompiste goth flippante, aussi jobarde que Liza mais interprétée sans faille par Sheila Vand, comédienne californienne vue cette année dans le film à sketches XX et qui a entre autres roulé sa bosse jusqu’aux planches de Broadway.
McCord, heureusement, ne phagocyte pas tout le film (sa « performance » n’entache que la première demi-heure du métrage, au découpage classique en trois actes). L’histoire est avant tout celle de Chip et de son chemin de croix, lequel passe donc par une invraisemblable galerie de pervers n’ayant de cesse de le martyriser. De station service paumée en motel miteux en passant par les villages crasseux de mobil homes, l’odyssée cauchemardesque est celle d’un héros ayant un sacré mauvais karma. Mais les épreuves vicelardes sont là pour faire grandir le personnage, en l’occurrence le faire s’élever au-delà de l’influence néfaste des pétasses matérialistes qui pourraient le prendre sous leur coupe. Une trajectoire un peu dérisoire et qui passe par l’apprentissage du meurtre de sang froid, avec un Chip au départ inoffensif qui finit par appuyer sur la gâchette. Moralement, l’idée est discutable, mais elle ouvre grand la porte à des séquences sanglantes (impacts de balle, égorgements, amputations…) qui, pour les plus goreux d’entre nous, s’avèrent assez goûteuses. C’est sans doute ce penchant pour les excès graphiques qui a valu à 68 Kill sa programmation au PIFFF 2017 (le film a les deux pieds ancrés dans la tradition du cinoche d’exploitation mais il n’a rien de fantastique). Le Paris International Fantastic Film Festival, 7ème édition, se tiendra du 5 au 10 décembre 2017 au cinéma Max Linder.